De retour d'un concert bien sympa // Rika-chan

La musique assourdissante lui vrillait les tympans, mais il se régalait. Nobuo à côté de lui hurlait à s’en briser les cordes vocales, lui préférait crier moins fort et entendre quelque chose. Mais bon, chacun sa vision des choses et l’essentiel était que les deux amis partageaient la même joie de pouvoir se défouler après une longue et épuisante journée de cours.
C’était un petit concert local d’un groupe pas très connu. Mais le chanteur était une connaissance de Nobuo et ce dernier avait invité Ken à venir se joindre à lui. C’est bien connu, plus on est de fous, plus on rit ! Alors le jeune homme, sautant sur l’occasion, avait accepté.
Comme je disais, ce concert était joué par des inconnus de la scène japonaise, et donc il avait lieu de dix-huit heures à dix-neuf heures. Peu de chansons en stock, c’était le début. Nobuo avait l’air de s’éclater, et Ken ne connaissait pas du tout, mais la musique lui plaisait assez.
Le petit concert se termina donc tranquillement un peu après l’heure fixée, car ils avaient mis de l’animation et, pour cause de succès, avaient rejoué quelques morceaux.
Ken sortit enfin de la petite salle après s’être heurté à des tas de jeunes de son âge et avoir peiné à se frayer un chemin parmi la foule compacte de gens. Il finit par retrouver Nobuo en train de boire un bière, adossé au mur. Fatigué, le jeune nippon décida de rentrer tout de suite, sachant que son ami serait déçu. Mais bon avec Nobuo il pouvait être lui-même, un jeune adolescent de dix-huit ans avec ses caprices.
Il se dirigea donc vers lui pour lui signaler qu’il rentrait, et comme il s’y attendait ce dernier lui fit une moue de six pieds de long. Aaah … Il prétexta la fatigue et le travail pour le lundi suivant et s’éclipsa après lui avoir souhaité une bonne soirée.

Sur le chemin du retour –il avait environ vingt minutes de marche à franchir, si on marchait vite bien sûr-, Ken resta plutôt pensif. La plupart de ses préoccupations premières concernaient Hikaru, sa petite amie cachée : tellement de problèmes venaient leur semer des embûches que leur histoire semblait impossible. Pourtant, ils s’étaient trouvés, ils s’aimaient mutuellement, c’est si rare maintenant ! Aujourd’hui, les jeunes avaient tendance à sortir avec les uns et les autres pour connaître des expériences nouvelles, mais pas vraiment de sentiments forts … Alors que ces deux-là, ils s’aimaient depuis le collège. Mais qui sait si, avec tout le remue-ménage du lycée, si cela pourrait aboutir à quelque chose de sain. Ils devaient se cacher, jouer le jeu de l’ignorance aux yeux de tous : Hikaru devait encaisser le fait que des tas de filles viennent draguer son copain, Ken devait inventer des prétextes pour refuser sans cracher malencontreusement le morceau, il devait jeter des regards froids à sa petite ami pour ne pas que sa bande, et surtout Shin ne le soupçonne … C’était pas une vie ! Serait-ce plus simple s’ils renonçaient et sortaient respectivement avec quelqu’un qui ne pourrait pas leur nuire ? Qui sait … Mais actuellement, dans l’instant présent, Ken ne pouvait pas admettre ce point de vue. Il ne voulait être qu’avec Hikaru. Mais il pouvait changer d’avis plus tard … En tout cas pour l’instant ce n’était pas le cas et de toute façon, hormis les KnS et quelques types marrants de sa classe, il ne fréquentait personne et surtout pas la gent féminine. Alors pour le moment, l’hypothèse était écartée.
Ses seconds tourments concernaient sa famille ; avec sa mère, cela ne s’arrangeait pas vraiment. Il refusait catégoriquement de rentrer le week-end, tenant toujours tête à cette maîtresse de maison dictatrice et autoritaire … Mais aux yeux de son fils, elle n’avait pas le monopole de la décision et le jeune homme était assez grand pour être responsable. Malheureusement, elle et ses idées d’héritage tout droit venues de son paternel ne le voyaient pas de cet œil. Et Ken commençait à en avoir assez de toute cette pression constamment sur ses épaules. Il ne voulait pas hériter. Il voulait profiter de sa dernière année de lycéen, étudier en fac ou en grande école, faire un métier qui l’intéresse et le motive … Peut-être le baseball, qui sait ! En tout cas, sa mère l’avait contraint à venir passer une semaine dans leur grande maison aux premières vacances qui se profileraient. Traduction : les vacances d’été. Et le jeune nippon ne comptait pas aller se pourrir la vie là-bas en plein juillet. Il serait mieux à la plage ! Quoique, peut-être pourrait-il inviter Hikaru ! Ce serait toujours plus discret dans sa grande demeure qu’en pleine rue, comme le dernier cinéma –et le premier surtout- ! Cependant, si sa mère apprenait qu’il fréquentait une demoiselle, elle piquerait une crise de nerfs. Qui plus est que la miss Ishikawa n’était pas une riche héritière de je ne sais quelle société influente …
Un autre problème s’imposait : les KnS. Son histoire avec Hikaru et toutes ces cachotteries risquaient de générer une ambiance lamentable dans le groupe. Mais là, il avait déjà assez à s’occuper de sa vie privée pour songer à celle des autres, et il tombait de fatigue. La semaine avait été rude, ponctuée de nombreux entraînements de baseball. Et cela ne l’inspirait que moyennement que Shin se soit soudainement inscrit au club. C’était assez étrange de l’emporter sur lui ne serait-ce qu’une fois, même si ce n’était que du sport. Cela lui procurait un bien-être particulier.

A force de songer à tout et rien, surtout du négatif avouons-le, Ken ne se rendit pas compte qu’il se dirigeait droit en direction d’une silhouette floue dans l’ombre du soir qui tombait. Bien sûr, il n’était que sept heures trente et la nuit n’avait pas totalement recouvert la ville aux mille lumières de son voile sombre, mais tout de même. Il était tellement absorbé par ses pensées profondes qu’il n’avait pas remarqué que la personne avançant dans sa direction ne l’avait pas vu non plus.
Ce qui devait arriver arriva, et ils entrèrent en collision.
Ken, assez robuste et costaud, ne fit que vaciller légèrement en arrière, mais la demoiselle, car il avait finir par reconnaître un visage féminin, glissa et se retrouva par terre. Paniqué de l’avoir fait tomber, il se mit à gesticuler dans tous les sens et finit par s’accroupir pour tendre une main à la jeune fille. Tout en l’aidant à se relever, il dit :

Ah, gomen, je ne t’avais pas vue. Rien de cassé ?

Il s’était permis de la tutoyer car elle portait son uniforme de lycée, donc ils avaient environ le même âge et Ken n’avait jamais vouvoyé un lycéen à sa connaissance. A présent en face d’elle, dans la lumière d’un réverbère, il reconnut soudainement l’uniforme de son propre lycée. Surpris de croiser une étudiante de son établissement, lui qui ne côtoyait jamais de filles, il demanda avec entrain :

Tu … Tu es de Jiyuu Gakuen ?

Autant discuter un peu, histoire de rattraper la maladroite bousculade. S’il s’enfuyait comme un voleur, elle risquerait de le prendre pour un malpoli, et un Kaze no Shounen et un héritier Anzai digne de ce nom n’agirait jamais ainsi

Les cours venaient de se terminer dans un cris de joie, ce n’était pas un crie de joie ordinaire, c’était même presque une sorte de souffle de soulagement après une longue journée presque sans interruption de cours tous aussi ennuyeux les uns que les autres. Rika faisait partie de ses élèves contents de sortir de cette salle, qui avec le temps s’était imprégnée d’une odeur peut commode, une odeur qui méritait que l’on ouvre les fenêtres, toutes les fenêtres. Le sourire aux lèvres, Rika quittait la salle où elle failli s’endormir plus d’une fois en une journée, la démarche emplie d’une joie retenue.
Et cette joie qui se lisait tout de même sur son visage rayonnant, fit place à une mine pleine de surprise alors qu’elle fouillait dans la poche de sa jupe, où vibrait et sonnait son portable. Qui pouvait bien l’appeler à un moment pareil ?! Ce n’était pas que ça ne lui faisait pas plaisir de recevoir un appel, c’était juste un peu surprenant… Surtout qu’il s’agissait là d’un appel d’une de ses amies de collège. Souriante, elle décrocha… et n’eut pas le temps de prononcer un quelconque mot.

« Hey Rika-chan, c’est Maiko, ça te dit de venir faire un karaoké avec les filles ?! »

Ca faisait longtemps qu’elles n’étaient pas toutes sorties ensembles, Maiko et ses autres amies étaient toutes partie dans un lycée assez quelconque, alors que Rika avait préféré continuer la natation et avait donc privilégié les lycées ou résidait ce club. Et cette séparation scolaire avait tout mit une certaine distance entre ces amies, bien sûr ça n’avait pas vraiment altéré leur relations, elles se voyaient juste moins souvent.

« Oui pourquoi pas. »

Ce n’était pas Rika qui allait refuser cette occasion de sortir un peu de cet univers scolaire qui lui servait de maison pour la semaine. Et puis elle avait vraiment envie de les revoir, de rire un peu, et surtout d’entendre la voix stridente de Maiko-san dans le micro. Cette fille avait un don, ce n’était malheureusement pas le don de chanter juste, mais surtout le don de massacrer tout ce qu’elle tentait de chanter, et cela faisait bien rire ses amies tout comme la jeune fille concernée.

« Ok, Rika-chan on se retrouve dans un quart d’heure devant ! »

Elle n’eut pas vraiment le temps de répondre, Maiko avait déjà raccroché. C’était du Maiko tout craché, et Rika ne put que pousser un soupir en se rendant compte qu’elle n’aurait pas le temps de se changer si elle voulait vraiment arriver à l’heure, et Rika était quelqu’un de plutôt ponctuelle. Gardant son sac à la main, elle traversa les couloirs, se frayant un chemin à travers la foule d’élèves qui sortaient encore de leur salle de cour, qu’ils soient de première années comme de troisième année. Certain, ce mettaient même à courir, c’était aussi l’heure à laquelle certain club commençait… Heureusement pour elle, ce jour là, elle n’avait pas à aller nager… Les couloirs traversés, ce fut au tour de la cour, qui elle comparé aux couloirs étaient totalement vide tout comme la plupart des rues qu’elle prenait. L’heure de la sortie du boulot n’avait pas encore retentit, et les salaries-man n’étaient pas encore descendus dans la rue pour rentrer dans leur charmante petite demeure pour retrouver leur pas moins charmante petite famille.
Elle regarda son portable, cela faisait déjà prés de dix minutes qu’elle marchait, et elle pouvait voir au bout de la rue le karaoké où elles avaient l’habitudes de se retrouver. Et d’ailleurs elle pouvait même voir les filles qui se trouvaient déjà là, leur lycée était vraiment plus proche que celui de Rika. Accélérant le pas, elle sauta sur Maiko une fois proche de celle ci. Ce que fit rire les jeunes filles avant qu’elle n’entre dans le petit karaoké.
Et durant prés de deux heures les jeunes chantèrent, et rirent de bons cœurs, mais voilà tout avait une fin et elles durent bientôt se séparer. C’était chaque fois de plus en plus triste, Rika sentait son cœur se serrer en voyant ses amies partir dans une direction différente de la sienne, elle n’était pas comme elles, elle ne rentrait pas chez elle tous les soirs, Rika, elle restait à l’internat.
Trainant les pieds dans les rues déjà bien sombres, qui étaient éclairées elle pensait encore à ces deux dernières heures qu’elle venait de passer avec ses amies. Dire qu’elle avait appris qu’elle était la dernière célibataires de ce petit groupe d’ami, et cette nouvelle n’avait pas surprit qu’elle, Maiko avait même demandait comme cela se faisait qu’une fille aussi mignonne que Rika soit toujours seule… Et la pauvre petite Rika, n’avait pas vraiment sut répondre. Elle aurait put dire qu’elle était tombée amoureuse d’un garçon qui ne l’a voyait même pas, mais elle se serait sentit bête alors c’était contenté d’un haussement d’épaule.

« Tu es bête Rika ! »

Et comme pour accompagner ses paroles elles se frappa légèrement le crane pour chasser sa bêtise et sa tristesse tout en marchant au milieu de cette rue qu’elle pensait déserte. Mais voilà elle s’était trompée, et elle s’en était rendue compte en tombant sur les fesses. Elle venait de foncer dans quelqu’un, elle n’en revenait pas et avait terriblement mal aux fesses. Le choc avait était rude, elle n’avait pas frappé quelque chose de moue, et tout en se frottant le front, elle avait même pensé avoir foncé dans le réverbère, mais elle se reprit bien vite en remarquant qu’a la place du pied du réverbère se trouvait une paire de chaussure. Remontant des chaussures jusqu'à la tête de ce pseudo réverbère, elle remercia la pénombre qui cacha la rougeur de ses joues quand elle se rendit compte que le pseudo réverbère se trouvait être celui qui ne savait même pas qu’elle existait. Celui ci qui plus est remué un peu comme une éolienne, et cela fit sourire la jeune fille.

« Non non, je vais bien. Enfin je crois… »

S’aidant de ses mains, elle se remit debout avec autant d’élégance qu’elle le pouvait, mais il fallait avouer que de n’importe qu’elle façon, se relever d’un trottoir n’avait strictement rien de gracieux. Puis une fois debout, elle frotta sa jupe afin de chasser toute ce qui aurait put s’y accrocher, alors que les mots du jeune homme la blessait un peu plus. Il n’était pas au courant de ses sentiments à elle, et il ne l’avait certainement pas fait exprès, mais il n’était pas obligé d’enfoncer un peu plus le pieux de l’amour à sens unique…

« Oui, on est même dans la même classe… »

Elle n’avait put retenir son exaspération, et le ton de sa voix faisait particulièrement ressortit cette frustration comme le petit soupir qui l’avait accompagné d’ailleurs.

« Je m’appelle Yagami Rika ! »

La nuit était donc bel et bien tombée. Cependant, nous étions en avril, et il ne faisait pas excessivement froid. Ainsi Ken n’était pas frigorifié, seulement vêtu de sa veste en jean par-dessus un T-shirt ample. Il portait également un jean délavé et troué à souhait au niveau des genoux, surmonté de sa fétiche petite chaîne accrochée à sa ceinture.
Cependant, l’aspect physique de notre jeune KnS n’était pas des plus importants actuellement. Pour le moment, le jeune adolescent avait renversé une demoiselle, qui plus est de son lycée. Quel coup de veine !
Il l’avait donc aidé à se relever tout en lui demandant si elle n’avait rien de cassé, ce à quoi elle avait répondu :

Non non, je vais bien. Enfin je crois…

Il était rassuré, le KenKen, voyez-vous ! Blesser une fille n’était pas dans ses habitudes et c’était bien sûr la dernière chose qu’il souhaitait. Content que la demoiselle aille bien, il lui adressa un sourire maladroit qui se voulait pourtant chaleureux. Ken ne savait pas si ce geste avait eu l’effet escompté, mais son sourire se fana bien vite lorsqu’elle répliqua, maussade :

Oui, on est même dans la même classe…

Quel boulet, même pas fichu de reconnaître une de ses camarades scolaires. Il fallait dire qu’hormis les KnS et quelques « privilégiés », le jeune homme ne côtoyait pas grand-monde au sein de son lycée. Non pas qu’il était un associable de première, mais c’était juste qu’il n’avait pas besoin d’avoir des amis partout pour se sentir bien dans sa peau. Il avait Nobuo, son meilleur ami sans doute et le seul avec qui il était sincère et naturel, il s’entendait relativement bien avec ce dernier et leur amitié marchait à coup de boutades et de blagues enfantines. Ensuite, le reste des KnS, bien que pour la majorité ce ne soit qu’une amitié de façade. Il faut bien avouer que s’ils ne faisaient pas partie de la même bande, Ken ne se serait jamais ‘lié d’amitié’ avec des types comme Eichi, Jung Wan ou encore ce satané Shin qui lui pourrissait constamment la vie. A limite il s’entendait bien avec Taiki, et Ryuzaki et il était sûr que si Kyosuke était plus sociable, ils pourraient s’entendre. Avec Shuuji, c’était assez étrange il fallait dire. Et Hiroto … Ils se tapaient assez dessus au dortoir pour qu’on comprenne que c’était pas le grand amour.
Mais pour revenir à la situation, cette fille disait être dans sa classe. Et il n’arrivait pas à mettre un nom sur le visage. Mais elle avait l’air contrariée qu’il ne se soit jamais rendu compte de sa présence. Embêté de la situation, car s’il lui demandait son non il allait la vexer davantage, il ne savait pas quoi faire. Finalement, il décida de quand même se renseigner sur son identité, quitte à la froisser un petit peu. Il se rattraperait ensuite.

Ano … Je suis peut-être pas très attentif mais je ne me rappelle pas de ton visage. En même temps, je dois avouer que je ne porte pas une énorme attention à ceux de la classe. Oh !! Je n’ai rien contre toi !

(se rattrapa-t-il en gesticulant)

Mais je suis comme ça. En fait je crois que je suis tellement à deux de tension que je ne vois les gens que s’ils viennent me parler. En tout cas, maintenant qu’on s’est ‘rencontrés’, je te reconnaîtrai au lycée !

Oh, le baratin !! Mais il fallait bien noyer le poisson pour éviter de vexer la demoiselle. Mais du coup, il avait tellement bien enjolivé son discours qu’il en avait carrément oublié le but premier de son monologue : son identité ! Il fixa donc la jeune lycéenne et dit :

du coup, je suis tellement bavard ce soir que j’en ai oublié de te demander ton prénom … En tout cas, moi …

Il était décidément très con. La jeune fille venait tout juste de se présenter et il venait à peine de s’en rendre compte. En gros, elle lui avait donné son nom et lui, tellement concentré dans ce qu’il s’apprêtait à demander, n’avait même pas fait attention à ses paroles et s’était lancé dans sa tirade. Elle s’appelait donc Yagami Rika. Effectivement cela ne lui disait rien.

excuse ma bêtise, je dois pas être réveillé ce soir. Tu ne me vois pas sous mon meilleur jour. Tu dois savoir que je suis Anzai Ken, je suppose …

Eh oui, avec la notoriété dont lui et son groupe étaient sujets, plus besoin de se confondre en courbettes et politesse pour se présenter. Tout le monde savait qui il était, comme chaque membre des Kaze no Shounen.
Une question le titillait encore : que faisait-elle à sept heures et demi passées dehors, en uniforme ?

dis, c’est peut-être pas très discret comme question mais … Pourquoi es-tu dehors en uniforme le soir ? T’es interne à Jiyuu ?

Dans cette rue quasi déserte de la ville, se trouvaient les deux jeunes gens. Si de ces deux jeunes gens l’un était d’un calme olympien l’autre semblait vraiment agité. Il brassait de l’air pour rien et ne semblait pas du tout écouter ce que lui disait la jeune fille. Et cette jeune fille, bien qu’elle ne le montrait pas se sentait terriblement idiote. Idiote d’avoir pensé qu’il aurait put savoir qu’elle existait, il ne l’avait jamais remarqué alors qu’en classe elle avait toujours été assise deux tables devant lui… Certes Rika n’était pas une jeune fille qu’on entendait vraiment, d’ailleurs, c’était même le genre de personnage qui préférait vraiment se faire oublier.
Et pour ça, elle se maudissait, elle aurait peut être mieux fait de ce faire entendre un peu plus, au moins il aurait remarqué qu’elle était dans sa classe. Pauvre petite Rika amoureuse de ce jeune homme qui était terriblement blessant et cela sans qu’il ne s’en rende compte. Même sa gesticulation complètement stupide, ses excuses totalement plates et difficiles à avaler pour la jeune fille, ne suffisait pas à faire passer la douleur qui enserrait le cœur de Rika. Une douleur qui semblait ne jamais vouloir cesser, une douleur a vouloir s’en arracher le cœur… Voilà qu’il lui disait qu’il n’avait rien contre elle ! Encore heureux… C’était tout de même elle qui se trouvait être totalement ignorée, et qui en plus était tombée sur les fesses au risque de ce casser le coccyx.
Alors qu’elle n’aurait pas aimé entendre un quelconque soupir d’ennui ou de mécontentement de la part du jeune homme, elle venait elle même de pousser un long soupir d’exaspération. Un soupir qu’elle tenta de dissimuler derrière un mordillement de lèvre, elle se sentait gênée de ce qu’elle venait de faire.

« Du coup, je suis tellement bavard ce soir que j’en ai oublié de te demander ton prénom … En tout cas, moi … »

Les sourcils de la jeune femmes s’arquèrent dans une expression de surprise non feinte. Il ne l’écoutait donc absolument pas, elle venait de lui dire son prénom… Et encore une fois dans un geste totalement incontrôlable elle sa plaqua une main contre son front. Elle était complètement désespérée de voir que ce jeune homme qu’elle adulait tant semblait ne prêter aucune attention à ce qu’elle disait…

« C’est pas vrai ! »

Elle venait de souffler son désespoir dans un murmure quasi inaudible, elle fermait les yeux souhaitant se réveiller de ce véritable cauchemar. Fort heureusement pour lui il s’excusa. Rika était quelqu’un de très gentil, mais il ne fallait vraiment pas pousser le bouchon, elle appréciait de ce faire entendre et ce même par l’un des garçons les plus populaire de ce foutu lycée…

« Excuse ma bêtise, je dois pas être réveillé ce soir. Tu ne me vois pas sous mon meilleur jour. Tu dois savoir que je suis Anzai Ken, je suppose … »

Heureusement pour lui que Rika était amoureuse de sa grande personne, sinon le pauvre aurait certainement passé un sal quart d’heure en compagnie de la dark Rika. La Rika insupportable, la Rika qui ne montrait que très rarement le bout de son nez.
En attendant, la Rika ici présente ne voyait plus vraiment quoi répondre. Que pouvait elle vraiment répondre face à ce jeune homme, qui n’écoutait que la moitié des choses qu’elle disait. Et pour l’instant, elle n’avait pas vraiment raconter sa vie… Autant dire qu’il n’avait rien écouté.
Alors que la jeune fille époussetait une nouvelle fois sa jupe, encore un peu gênée d’être tombée sur le sol, et d’avoir risqué d’abîmer la jupe de son uniforme, elle fut obligée de relever la tête une nouvelle fois alors que le jeune homme venait de rouvrir la bouche pour lui poser une question.
Et là ce poser un dilemme bien particulier, devait elle réellement répondre ?! Certainement que oui…

« Si je réponds tu écouteras ce que je dirais ou tu te confondras encore en excuses toutes plus inutiles les unes que les autres pour ne pas m’avoir écouté?! »

Elle avait voulu répondre, mais ses mots avait dépassés sa pensée… Portant sa main à sa bouche dans une rapidité que l’on n’aurait put soupçonner, elle ne pouvait que se traiter intérieurement d’idiote. Et un nouveau soupire, décidemment c’était la soirée…

« Je suis désolée… Bref… »

Elle fit une petite pause le temps de bien choisir ses mots. Elle n’allait tout de même pas lui raconter toute sa vie sociale juste pour lui expliquer le pourquoi du comment elle se retrouvait en uniforme, en pleine nuit, dans une rue déserte. Passant une main dans ses longs cheveux bruns, chassant ainsi les mèches qui lui tombaient sur le visage dans une geste assez délicat.

« Un rendez vous de dernière minute avec des amis, pas eut le temps de me changer … »

Elle ne savait pas vraiment si elle devait lui retourner la question. Non pas sur le fait qu’il se promener en uniforme dans la rue, étant donné qu’il ne portait pas son uniforme, mais tout du moins pourquoi il se retrouvait dans la rue en compagnie d’une fille qu’il ne connaissait pas le moins du monde…

« Et toi, qu’est ce que tu fais ici ?! »

C’est pas vrai !

Ken se donna un coup sur la tête avec la paume de sa main. Comment pouvait-il être aussi distrait avec cette pauvre camarade de classe ? Avait-il trop de choses à penser ? Ses pensées étaient-elles obstruées par ses problèmes au point d’en perdre son latin ? Qui sait, en tout cas ce n’était pas une raison pour que cette demoiselle paye les pots cassés de son état de léthargie profonde. Ce n’était quand même pas le concert de tout à l’heure qui lui faisait bourdonner les tympans au point qu’il ne se rende même pas compte que la jeune fille s’était présentée et qu’il passait pour un boulet profond à lui demander presqu’en même temps comment elle s’appelait ! Non, la musique n’était pas si forte. Si quelqu’un s’était bousillé les tympans, c’était Nobuo. Ce fichu crétin qui était tout de même son pote s’était calé à côté des baffles. Très intelligent … En tout cas la dénommée Rika avait l’air de s’être passablement vexée et le jeune homme comprenait tout à fait son attitude et ses réactions, lui aussi aurait certainement réagi de manière semblable. Après tout, il aimait bien qu’on écoute ce qu’il avait à dire alors c’est assez frustrant lorsqu’on n’en a rien à cirer de votre débit de paroles. Mais là c’était différent, Ken n’en avait pas rien à ficher, mais c’était juste qu’il était à dix mille lieues de ses pompes et complètement à la masse. Mais il se comportait comme quelqu’un d’indifférent et ça ne changeait rien au schmilblick. Il fallait qu’il se rattrape, mais au lieu de ça môssieur affligeait la pauvre lycéenne de questions stupides et indiscrètes.
Et ce qui devait arriver finit par arriver, Rika se mit en colère pour de bon, lui assenant des répliques sèches et glacées :

Si je réponds tu écouteras ce que je dirais ou tu te confondras encore en excuses toutes plus inutiles les unes que les autres pour ne pas m’avoir écouté?!

Ken prit tout de même cette remarque piquante comme un seau d’eau glacée sur le visage. Il avait paru si arrogant et désagréable aux yeux de la demoiselle pour qu’elle sorte de ses gonds de la sorte ? Il était vraiment gêné, d’habitude le jeune KnS ne cherchait jamais les embrouilles, au contraire il aimait bien s’amuser avec tout le monde. Ce n’était pas un jeune à problèmes, ces derniers il tentait de les fuir en général. Mais ces derniers temps ça le rattrapait il fallait dire parce que les problèmes, en sortant avec Hikaru il s’en attirait un max.
En attendant, il fallait peut-être qu’il se montre plus compréhensif et surtout attentif envers cette Rika qui avait l’air à bout de nerfs.

Je … Je t’écoute. Je ne t’interromprai plus.

Cela faisait légèrement cliché, le type qui se fait gueuler dessus alors pour faire passer l’orage il se la joue autruche et se recroqueville pour attendre la sentence. Mais le jeune homme ne voyait pas trop quoi dire d’autre, dans sa position il était en tort et quel que soit le chemin qu’il emprunte, c’était un terrain glissant. Alors autant jouer la carte de la sagesse et répondre aux attentes de son interlocutrice. Là elle attendait surtout qu’il l’écoute un peu. Et donc c’était ce qu’il allait faire.
Mais entre temps, Rika avait l’air d’avoir regretté son accidentelle agressivité dans ses précédentes paroles et s’empressa de s’excuser. Il préféra ne rien dire cette fois et esquissa un timide sourire qui se voulait compatissant. En aucun cas il ne lui en voudrait pour avoir laissé ses mots dépasser sa pensée, elle en avait parfaitement le droit vu comme il l’avait traitée. Ce n’était pas volontaire, mais tout de même. Peut-on considérer l’énervement de Rika comme une sorte de légitime défense ? Hum … Affaire à suivre.

Un rendez vous de dernière minute avec des amis, pas eut le temps de me changer …

Voilà donc la raison du ‘pourquoi elle portait un uniforme en pleine nuit’. Pourquoi diable Ken avait-il posé cette question ? c’était indiscret, cela ne le regardait en aucun cas. Pour faire la conversation ? S’il avait voulu s’attirer la sympathie de la jeune fille ou se faire pardonner, il s’y serait certainement pris autrement. Peu importe, il arrivait souvent au jeune Kaze no Shounen d’être excessivement maladroit, et ce n’était pas parce qu’il avait ce statut privilégié qu’il était immunisé contre tous les défauts que la Terre peut porter. Et la maladresse ça, cela risquait de lui coller à la peau pendant encore longtemps.
En attendant, elle n’avait pas répondu à la deuxième question, celle où il tenait à savoir si elle était interne. Il décida de laisser cette question en suspens, la mettant de côté dans un coin de sa tête. Il allait s’apprêter à répondre quelque chose quant à la réplique de Rika, mais il n’en eut pas le temps, car elle renchérit aussitôt :

Et toi, qu’est ce que tu fais ici ?!

Frustrée, mais curieuse la petite ! Ken esquissa un nouveau sourire. Il mit ses mains dans ses poches, comme il en prenait parfois l’habitude, et, regardant derrière l’épaule de la jeune fille, il répondit, légèrement dans le vague :

Je sais pas si tu vois qui est Nobuo Miyazaki … Un KnS. Bref, il m’a invité à assister à un concert d’un de ses amis, et j’en reviens.

C’est alors que le ventre du jeune homme se mit à gargouiller. Ken pria pour que Rika n’ait rien entendu, c’était relativement gênant comme situation. Notre KnS était un goinfre amateur. Oh, il n’atteignait pas encore l’extrême gourmandise de son Kouhei Ryuzaki mais il était pas mal dans son genre, lui aussi. Et il fallait noter qu’il n’avait rien avalé depuis son copieux repas de midi à la cantine et donc maintenant son estomac se manifestait et … la cata quoi. Gêné, Ken se passa une main distraite dans les cheveux et dit :

J’espère que … Que tu t’es bien amusée avec tes amis alors ! Ca change de ces longues journées de cours … Non ?

Planté là comme un piquet, Ken ne savait que faire. Proposer à la jeune demoiselle d’aller manger quelque part, dans un petit restaurant bon marché, pour se faire pardonner de sa maladresse et de son manque de délicatesse ? Lui demander si elle était interne et lui proposer de faire route avec elle ? Hum, ça faisait type intéressé qui fait des avances. Lui avouer qu’il crevait de faim et qu’il allait devoir la planter là car son estomac ne tenait plus ? Ken ne manquait tout de même pas de tact à ce point, jamais il ne ferait une chose pareille. Donc le dilemme se tenait entre : proposer à la jeune fille de la raccompagner à Jiyuu ou l’inviter à manger quelque part. Vu l’heure, elle ne devait pas avoir dîné non plus. Mais il ne se souvenait plus combien d’argent il lui restait sur lui et il se voyait mal brandir son porte-feuille soudainement. S’il manquait d’argent, il serait embêté pour rattraper la situation. Qu’allait-il pouvoir bien faire ?

Heu … Tu rentrais chez toi là ?

P’tite feinte, il n’avait ni parlé de restau, ni d’internat de Jiyuu. On verrait bien ce qu’elle répondrait

Il était impossible pour le jeune homme de ne pas avoir remarqué l’ennui de la jeune fille, Rika était du genre à mettre les pieds dans le plat quand elle ne se sentait pas à l’aise. Et, on ne pouvait pas dire que le jeune homme avait le don de la mettre à l’aise, surtout quand on savait que la demoiselle se trouvait être terriblement éprise de celui qui se trouvait alors face à elle. Mais lui ne le savait pas, et elle-même pouvait tenter de deviner ce qu’il pouvait penser d’elle à ce moment là. Et ce qui traversa l’esprit de Rika, n’était pas très agréable à penser, elle le voyait en train de la haïr profondément pour avoir été désagréable avec lui. Elle le voyait aussi à la tête d’une armée de démon aux yeux tout rouges et aux longues dents, en train de lui courir après la bave aux lèvres pour la bouffer… Mais là, elle était certainement encore en train de délirer profondément, Rika n’était pas totalement saine d’esprit par moment et cela ne faisait qu’empirer quand elle se sentait fatiguer. Cependant était ce là une raison pour s’inventer de pareils histoires et par là même ce faire d’étranges frayeurs qui n’avaient pas lieu d’être ?!

« Je ne sais pas si tu vois qui est Nobuo Miyazaki … Un KnS. Bref, il m’a invité à assister à un concert d’un de ses amis, et j’en reviens. »

Les KnS avaient donc des amis hors du lycée ?! Ils n’étaient donc pas un petit groupe soudé dont l’entrée était réservée à de rares privilégiés qui ne se parlaient qu’entre eux ?! Il fallait avouer que Rika, n’était pas vraiment tres au courant au sujet des amis des KnS. Et puis il fallait aussi avouer que cela ne l’intéressait absolument pas, elle ne s’intéressait pas du tout au Kns juste a Anzai Ken qui malheureusement ou heureusement se trouvait être un KnS. D’ailleurs ça voulait dire quoi KnS, il faudrait qu’un jour elle pose la question à quelqu’un qui en savait plus qu’elle à ce sujet… Elle se sentait quelque peu inculte sur le coup…
Quoi qu’il en soit, Nobuo Miyazaki, était en 3-B lui aussi… Et elle n’était pas comme Ken-chan, elle savait qui étaient les élèves qui peuplaient sa classe ! Donc techniquement elle connaissait Nobuo Miyazaki… même si elle ne lui avait jamais parlé. Mais peut être n’était elle pas assez bien faite de sa personne pour intéresser cet espèce de don juan qui faisait des ravages dans les rangs de la gente féminine.
Quoi qu’il en soit, Rika secoua positivement la tête, peut être avec un peu trop d’entrain, car cela fini par faire tomber sur son visage quelques mèches de ses cheveux sur son visage, mèches qu’elle s’empressa de remettre bien vite derrière ses oreilles comme si de rien n’était. Elle ne voyait pas quoi rajouter, elle n’allait pas épiloguer sur un gars qu’elle connaissait à peine, si ce n’était de vue… D’ailleurs en fait, en y repensant bien, elle ne connaissait pas plus Ken.

« J’espère que … Que tu t’es bien amusée avec tes amis alors ! Ca change de ces longues journées de cours … Non ? »

Elle ne savait pas vraiment pourquoi, et elle sentait une petite pointe de curiosité lui chatouiller l’esprit, mais le KnS n’avait absolument pas l’air à l’aise. Et elle en venait vraiment à se demander si c’était réellement elle qui déclenchait ce genre de truc chez lui, et elle son sentiment vis à vis de ça était plutôt mitigés. D’un coté il était plaisant de voir qu’un jeune homme pouvait être gêné en sa présence, mais d’un autre coté c’était assez frustrant de ne pas savoir le pourquoi du comment…
Se mâchouillant les lèvres, elle se sentait pas vraiment mal, mais pas non plus très bien… La fatigue et cette rencontre ne l’aidant pas vraiment à se sortir de cette situation… Surtout qu’elle commençait à avoir faim, c’est qu’elle n’avait toujours pas mangeait… Voilà qu’elle commençait à se reconnecter a la réalité...

« C’est pas vraiment comparable, et ce serait dommage que je m’amuse pas avec mes amis ! »

C’était vrai ça, elle ne voyait déjà pas très souvent ses amis, alors ce n’était pas pour passer de mauvais moments en leur compagnie… Quoi qu’il en soit, le joli sourire de Rika venait de refaire son apparition sur le visage de la donzelle, mais la pénombre de la rue mal éclairée ne permettrait certainement pas au jeune homme de pouvoir en profiter pleinement… Mais ça sur le coup elle s’en foutait pas mal, elle n’avait strictement rien calculé c’était venu spontanément alors qu’elle repensait à cette fin de journée en compagnie de ses filles si étranges et différentes qu’étaient ses vieilles amies de collèges…

« Heu … Tu rentrais chez toi là ? »

Techniquement oui, elle était en train de rentrer, mais ce n’était pas chez elle c’était à l’internat… D’ailleurs qu’elle heure était il ?! Remontant sa manche afin de découvrir sa montre, elle put admirer a loisir sa montre et se rendre compte d’une chose…

« Je comptais rentrer à l’internat, mais en fait, le réfectoire est certainement fermé… Et j’ai pas encore mangé. »

Voilà qu’elle lui racontait sa vie, il s’en fichait certainement, mais il lui avait posé une question, alors il fallait bien qu’elle y réponde non ?! Bon ok, elle pouvait très bien évincer quelques questions mais là…C’était pas vraiment utile n’est ce pas ?! Enfin elle en savait rien, mais en fait elle s’en foutait aussi…

« Pourquoi ?! Tu cherchais quelqu’un pour éviter de rentrer tout seul ?! »

Voilà qu’elle lançait encore une nouvelle pique au jeune homme, ce n’était même pas vraiment voulus. Elle avait dit ça pour plaisanter, d’ailleurs elle avait le sourire qui allait avec la plaisanterie…
Et d’ailleurs toujours souriante, retenant son sac sur son épaule, elle posa ses mains sur ses hanches, et se pencha un peu plus vers le jeune homme qui se trouvait en face d’elle…

« J’ai envie de manger du poulpe, ou de la pieuvre tiens…Je te pardonne tout ce que tu m’as fait subir si tu m’accompagne ! »

Comment ça, elle jouait sur les sentiments ?! Pas du tout… Bon peut être un peu, mais elle était trop mignonne pour qu’il puisse résister.

La nuit était à présent bel et bien tombée. Il n’était pas tard, mais c’était surtout l’heure de pointe pour rentrer chez soi et aller manger un bon petit plat mijoté par une maman attentionnée. Bien sûr, Ken échappait à la règle puisqu’il était interne à Jiyuu et que de toute façon sa mère était loin d’être attentionnée. Oublions donc cette malheureuse phrase et restons où nous en sommes.
Si nous devions faire un résumé de la situation, ça donnerait sûrement ça : Ken avait assisté en compagnie de son ami Nobuo à un concert amateur dans le centre-ville, et rentrait à présent au lycée pour aller manger. Sur le chemin, le jeune homme, pensif, n’avait pas bien regardé où il marchait et avait bousculé par mégarde une jeune fille en uniforme. Il se trouvait que cette fille était une élève étant au même lycée que lui, et que de surcroît ils étaient dans la même classe. Ken ne s’en était jamais rendu compte, et ça avait semblé froisser la jeune fille qui répondait au joli nom de Rika. A présent, Ken était un peu embêter car il n’aimait pas du tout vexer les gens et que c’était ce qu’il venait de faire accidentellement. Alors il fallait qu’il se fasse pardonner, mais comment ? En plus, comme s’il ne lui était pas arrivé assez de tuiles pour la soirée, son ventre commençait à réclamer son dû et c’était parfaitement impoli de montrer que l’on avait faim devant une jeune fille. Heureusement pour lui elle ne paraissait pas avoir remarqué les vicieux gargouillements de son estomac.

C’est pas vraiment comparable, et ce serait dommage que je m’amuse pas avec mes amis !

Pour le coup, elle n’avait pas tort. Quelle idée de comparer une journée de cours et une soirée entre amis ! Il n’y avait qu’un homme affamé pour oser sortir un truc pareil. Hum … En fait elle avait raison sur toute la ligne, elle ne pouvait que s’amuser avec ses amis, tout de même. Si elle avait su qu’elle s’ennuierait, elle n’y serait pas allée et c’est tout ! En fait la réplique de Ken avait été tout simplement stupide et inutile. Mais bon, essayons de se rattraper encore une fois … Au moins, il avait fait la conversation, avait un peu détendu l’atmosphère et Rika n’avait plus l’air fâchée. C’était déjà ça de gagné, énerver une fille c’était vraiment nul.

Lorsqu’il lui demanda si elle était en train de rentrer chez elle, Ken put voir Rika remonter la manche de sa chemise d’uniforme pour lorgner sa montre. Elle ouvrit de grand yeux. Elle n’avait sûrement pas remarqué que l’heure avait tourné si vite. Le jeune homme pensait ça, mais il ne savait même pas lui-même quelle heure il était. Il remonta machinalement sa manche aussi avant de capter qu’il avait laissé sa montre à l’internat. Oh, quel boulet … Il plongea la main dans la poche de son jean et laissa dépasser un peu son portable en le faisant coulisser pour faire apparaître l’heure. Ah oui, quand même … Bientôt vingt heures …

Je comptais rentrer à l’internat, mais en fait, le réfectoire est certainement fermé… Et j’ai pas encore mangé.

Mince, le réfectoire ! C’est vrai que normalement on mangeait relativement tôt à Jiyuu, et que le réfectoire fermait en général aux alentours de vingt heures. Ils n’avaient pas encore passé ce délai mais, ils étaient encore loin du lycée et le temps qu’ils y parviennent le réfectoire serait déjà fermé. La poisse.
Il n’eut pas le temps de répliquer que Rika enchaînait déjà, lui lançant une nouvelle pique à la figure. Finalement, elle n’avait peut-être toujours pas digéré l’attitude nonchalante de Ken tout à l’heure … Cette fois, il ne la laissa pas parler à nouveau et parvint à en placer une :

Non, je te prends pas pour prétexte rassure-toi. J’étais juste en train de penser qu’une fille seule la nuit … Enfin je m’égare. Je suis interne aussi, c’est pour ça. C’est plus sympa d’avoir quelqu’un à qui parler sur le trajet, je trouve.

Ken commençait à raconter sa vie là, Rika allait finir par le trouver lourd. Mais il était content d’une chose : depuis sa collision accidentelle avec elle, il n’avait pas repensé une seule fois à ses problèmes, et pour ça il la remerciait intérieurement. Devoir faire attention au moindre mot pour ne pas la vexer lui changeait l’esprit et puis cette fille, il la trouvait plutôt sympathique. Le fait qu’elle ne se laisse pas faire ou qu’elle ne se ratatine pas parce qu’elle parlait à un KnS lui faisait plaisir. Il en avait marre que limite tout le monde s’incline sur son passage, mumure dans son dos, le regarde les yeux en cœur parce que « oh mon Dieu ! C’est un KnS ! » … Et elle n’avait rien fait de tout ça, alors il était réellement ravi.
C’est alors que la jeune fille redressa son sac sur ses épaules, posa ses deux mains sur ses hanches, et il la vit se pencher vers lui avec un air intéressé. Surpris, il sourit d’un air gêné et en la regardant, l’air de dire « qu’est-ce qu’il y a ? » :

J’ai envie de manger du poulpe, ou de la pieuvre tiens…Je te pardonne tout ce que tu m’as fait subir si tu m’accompagne !

De la pieuvre ? Tu veux dire … des Takoyaki ? Parce que je connais un petit coin sympa pas loin d’ici … Ca te dit ?

Ken n’avait même pas remarqué que la jeune fille lui avait demandé indirectement dans sa phrase de l’inviter. De toute façon, depuis un moment, il était décidé à l’inviter à manger quelque part. Après tout, quel bon moyen de se faire pardonner ! C’était toujours le bienvenu ce genre de gestes. Et puis d’une pierre deux coups, il se ferait pardonner et il se rassasierait ! Et en ce qui concerne l’argent pas de problèmes, il pouvait bien le dépenser un peu de temps à autre.

Allez, c’est décidé, on va aller manger des Takoyaki ! Suis-moi, d’accord ?

C’est un KenKen dynamique qui avait fait surface. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas mangé de Takoyaki, il fallait en profiter. Le jeune homme, tout sourire, se mit à marcher, et après avoir fait quelques pas, il se retourna pour voir si Rika suivait

Elle était vraiment passé du coq à l’âne, sa colère et son ennui s’était effacée avec un coup de vent, pourtant ce n’était pas vraiment dans sa nature à elle d’être lunatique, elle était même plutôt du genre déterminée…Pourtant, à ce moment là, elle était contente d’elle, toujours les mains posée sur ses hanches, tout sourire, et regardant le garçons de plus prés. Ken était d’ailleurs un garçon drôlement mignon même de près, elle ne voyait pas un seul défaut sur sa peau, mais il fallait aussi dire qu’il ne faisait pas vraiment claire dans cette petite rue déserte. Et puis ce petit air gêné, avec ce sourire… Hum, heureusement qu’elle se maitrisait, sinon elle l’aurait certainement violée sur place, elle se sentait forte et fière d’elle même, il fallait résister à la tentation de lui sauter dessus.
Bon ok, elle n’aurait peut être pas due prononcer les mots qui venait de sortir de traverser la barrière de ses lèvres. Au premier abord, elle n’y avait pas vraiment penser mais elle venait tout de même de lui forcer la main. Était ce du chantage ?! Certainement elle venait tout de même de marchander son pardon contre de la nourriture et de la compagnie. Honte sur elle, enfin … Elle n’éprouvait aucune vergogne, elle était juste contente.

« De la pieuvre ? Tu veux dire … des Takoyaki ? Parce que je connais un petit coin sympa pas loin d’ici … Ca te dit ?”

Venait il vraiment d’être réceptif a sa menace ?! Certainement, mais franchement là tout de suite maintenant, elle s’en foutait complètement, elle allait manger avec le garçon qu’elle aimait beaucoup pour ne pas dire le garçon dont elle était tombée amoureuse. Elle réprimait en plus de son envie de lui sauter au cou, son envie de hurler au monde entier son bonheur infinie. Oui, cela aurait paru idiot a la moitié de la population mondiale, mais c'était vraiment important pour cette jeune fille là!

« Allez, c'est décidé, on va aller manger des Takoyaki! Suis moi, d'accord ? »

Bien sûr qu'ils allaient aller manger ces foutues pieuvres fris, maintenant qu'il l'avait proposé il ne fallait pas qu'il pense pouvoir y échapper! Non, et puis si cela était arrivé, elle l'aurait certainement accroché à un poteau, le forçant a rester en sa compagnie. Bon, peut être pas, elle l'aurait certainement laissée partie en se jurant de le lui faire regretter... Rika était décidément une fille très étrange... Quelque chose ne devait pas tourner rond dans sa jolie petite caboche.

Mais voilà pendant qu'elle était en train de réfléchir à tout ça, lui ne l'avait pas vraiment attendue, et avait déjà fait quelque pas avant de se retourner sur une Rika qui n'avait pas fait le moindre pas en avant. Enfin elle ne tarda pas a remarquer que le KnS ne se trouvait plus en face d'elle, mais déjà un peu plus loin, en train de l'attendre... A qu'est ce qu'elle pouvait se sentir idiote parfois, mais bon ce n'était pas très grave, il l'avait attendu... Peut être avait il peur des réactions quelque peu excessive de la jeune fille, après tout elle n'avait pas arrêtée de lui en vouloir pour tout ce qu'il disait ou bien faisait.

Rattrapant son retard en courant a moitié, elle fit une petite courbette pour s'excuser, les joues rouges. Elle devait vraiment paraître idiote, et ça elle s'en fichait pas vraiment. Se relevant de sa petite courbette, elle remit bien vite ses cheveux derrière ses longs cheveux qui lui étaient encore une fois tombés sur le visage derrière ses oreilles. La prochainement fois, peut être devrait elle les attacher... Ils seraient moins embêtant.

Quoi qu'il en soit sans l'attendre, ce fut elle qui la dépassa, enfin il tarderait certainement pas à la rejoindre. Lui avait de grandes jambes, de grandes belle jambe, qui en un pas parcouraient la même distance que les petite jambes de Rika parcouraient en pas moins de trois pas. C'était vraiment pas juste ça, il devait moins se fatiguer qu'elle de cette façon, les grands garçons avaient décidément trop d'avantage. Et lui ne semblait avoir que des avantages pas un seul inconvénient, enfin il fallait aussi avouer qu'elle était amoureuse d'une image plus que d'une personne, car au final elle ne le connaissait absolument pas.Se retournant tout sourire, marchant à reculons, elle le regardait, ou l'admirer c'était difficile à savoir.

« Bah alors, tu ne viens pas?! Elles vont pas se manger toutes seules ses petites pieuvres! »

Ce que Rika Yagami aimait plus que Ken Anzai, c'était bien sûr tout de qui concerner des bestioles à tentacules qui se mangeait. Elle ne savait pas trop d'où ça lui venait, surtout que c'était pas vraiment le genre de truc que ça mère cuisinait le plus.
Enfin quoi qu'il en soit, elle était vraiment contente, et elle continuait à marcher à reculons, mais voilà quand on marche sans regarder on l'on va, on fini toujours pas rentrer dans quelque chose, et en ce qui concerne Rika, ce fut un lampadaire gigantesque qui lui obstruait le passage. Elle s'était cognée et elle ne pouvait réprimander un juron...Non, mais c'était pas le moment de passer pour une idiote, pourtant, elle ne cessait d'enchainer les gaffes. Et là, elle était en train de frotter son bout de crane qui avait cogner le lampadaire.

« Aieuh! »

Elle avait les larmes aux yeux...

Ken n’avait pas encore eu le temps de bien observer l’apparence de la demoiselle hormis son uniforme, trop concentré à se confondre en excuses et à encaisser les sauts d’humeur et les piques de Rika. Cependant, pendant qu’elle réfléchissait à sa proposition concernant les takoyaki, il put s’attarder un peu plus sur elle : elle était plutôt petite, relativement mince, avec des formes là où il faut, bien que le jeune nippon ne s’attarde pas trop sur ce genre de détails car mater une lycéenne, même s’il répondait lui aussi à ce titre, ne se faisait pas du tout, et puis Hikaru risquait de ne pas apprécier qu’il observe une autre qu’elle … Mais Ken ne connaissait pas vraiment son caractère et ne savait pas si sa petite amie serait extrêmement jalouse si elle apprenait qu’il avait dîné avec une fille de sa classe … Pour en revenir à Rika, elle avait de longs cheveux noirs d’ébène, raides comme des baguettes et surtout comme la plupart des Japonaises. Ses yeux étaient couleur noisette et lui faisaient vaguement penser à ceux de Hikaru. Elle avait un regard espiègle mais chaleureux, et un visage rieur. Ken osa penser que Rika était une demoiselle extrêmement mignonne, et que son uniforme lui allait à ravir, mais heureusement pour lui il se contenta de le penser.
En tout cas, pour en revenir à la situation, Rika avait l’air emballée par la proposition formulée par Ken. Tant mieux, au moins il pourrait se faire vraiment pardonner. Oui, le jeune homme pensait encore que la demoiselle lui en voulait toujours pour la malencontreuse bousculade. Mais ça à la limite elle devait s’en foutre complètement, le pire avait certainement été son indifférence et son gros manque d’attention et de répondant. Peu importe, à présent le courant passait beaucoup mieux même s’ils allaient se retrouver dans un restaurant de takoyakis parce que la jeune lycéenne avait menacé son interlocuteur. Du moins elle avait usé du chantage. Cependant, Ken ne voyait pas ça ainsi puisqu’il comptait dans tous les cas l’inviter à manger un morceau pour se faire excuser de toutes les bévues commises en moins d’une demi-heure. Mais Rika avait choisi le menu, ce qui l’arrangeait bien, surtout qu’il connaissait un coin sympathique pas cher, ce qu’il n’avait pas omis de préciser à la jeune fille.

Le jeune n’avait donc pas attendu de réponse de la part de Rika et avait lancé haut et fort que c’était décidé, ils iraient se remplir la panse avec de bons beignets de pieuvres ! Bien sûr et heureusement pour lui et son image, il l’avait formulé de manière plus poétique … Et puis pourquoi attendre une réponse de sa part ? Après tout c’était elle et elle seule qui avait lancé l’idée de manger des pieuvres alors elle n’avait aucun raison de protester à propos de l’invitation.
Elle se rendit enfin compte que Ken avait tracé sans elle. Mais, en jeune gentleman –tu parles !- poli et galant … hum, il s’était arrêté dans sa route et s’était retourné pour l’attendre. Elle le rejoignit vite en courant, et le gratifia d’une petite courbette pour s’excuser. Le jeune homme, gêné, sourit bêtement.
C’est alors que la demoiselle le défia en le dépassant et en marchant vite. Cependant, petite anomalie au tableau : elle marchait à reculons. Ken sentait venir la catastrophe.

Bah alors, tu ne viens pas?! Elles vont pas se manger toutes seules ses petites pieuvres!

Et elle faisait sa maligne en plus, en marchant dans le sens inverse de la logique et en crânant méchamment pour se moquer de lui ?! C’était la meilleure ! Lui qui était parti pour lui dire de faire attention au poteau, il fut tellement piqué au vif par la boutade de Rika qu’il en oublia la prévention.
Et l’accident arriva ; Rika, toujours concentrée à tourner Ken en dérision et pas sur sa trajectoire entra en collision avec un poteau. De loin, Ken crut qu’elle riait en se massant le crâne et du coup il se permit de lancer une pique taquine :

Ben voilà, c’est ce qui arrive quand on fait la maligne ! Ah j’vous j…

Il ne termina pas sa phrase car entre temps il avait rattrapé la jeune fille et venait de s’apercevoir qu’elle avait les larmes au coin de ses jolis yeux noisette … Soudainement inquiet de la voir ainsi, surtout que c’était sa deuxième blessure de la soirée. Il se pencha vers elle et dit :

Hé, ça va ? …

« Aie, aie, aie… »

Elle avait vraiment mal et elle allait certainement avoir une énorme bosse. Ca lui rappelait ses débuts à la piscine quand elle n’arrivait pas a nager en analysant les distances, ce qui la conduisait souvent à se cogner contre les murs de la piscine… Mais ce temps était révolu, et elle n’avait plus l’habitude de se cogner ainsi la tête, et le douleur n’en était que plus intense. Pauvre petite fille amoureuse de l’indifférence née.
Quoi qu’il en soit, elle se frottait la tête vigoureusement tentant d’arrêter la douleur, mais il fallait être réaliste, ce n’était pas près de passer. Les larmes lui monter aux yeux. L’état dans lequel elle devait être ne devait pas être glorieux, tout comme l’air qu’elle devait avoir… Ce devait être pitoyable et ça, elle ne l’aimait pas vraiment.

« Ben voilà, c’est ce qui arrive quand on fait la maligne ! Ah j’vous j… »

Elle venait de lever des yeux tout humide vers lui, toujours en train de frotter son crâne, non mais franchement. Elle devait vraiment faire pitié avec son visage triste et ses yeux humide, une tête de petit chiant suppliant certainement, si bien qu’il n’avait pas fini sa phrase. En plus de ça, il venait de l’attraper par les épaules, et la regardait avec insistance, un air inquiet traversant son visage.
Elle n’était pas non plus à moitié défigurer ni mourante, fallait pas qu’il se mette dans un état pareil pour elle, mais bon au fond d’elle, elle était vraiment contente de le voir ce faire du souci pour elle…

« Hé, ça va ? … »

Allons, allons, elle n’allait pas si mal que ça, il y avait une bonne dose de comédie dans ses agissements il fallait bien se l’avouer. Et même si elle avait mal, ça ne valait pas autant de simagrées. Mais là, s’ouvrait à elle deux chemins différents, soit elle lui disait que ce n’était pas très grave soit elle se laissé emporté par le tourbillon du mensonge éveillant un peu plus la pitié du jeune homme.
Eveiller la pitié ?! Ce mot commençait à résonner dans la caboche douloureuse de la demoiselle, et c’était totalement impensable pour elle ! Pas question, son honneur ne le supporterait pas, et puis mentir ce n’était pas quelque chose de vraiment … bien et puis elle n’était pas une fervente utilisatrice de ce genre de procédé. Bien au contraire, Rika était quelqu’un d’assez franc et qui ne mâchait pas ses mots quand elle avait besoin de s’exprimer…
Reculant un petit peu face à la proximité du bonhomme, elle se frotta encore une fois à la dureté de ce foutu poteau qui eut le droit à un regard méchant de la part de la jeune fille. Non, mais elle allait pas se faire avoir deux fois ! C’était niet !

« Je vais bien... Enfin je crois ! »

Il y avait des risques de commotion cérébrale, bon peut être pas, mais ça on s’en foutait royalement n’est ce pas ?! Enfin, là, contre son poteau, la jeune fille trouvait que le gars qui se trouvait en face d’elle était un peu trop proche d’elle, pourtant il y avait bien un bon mètre qui les séparait… Voilà que la timidité de la demoiselle refaisait surface, comme si c’était le moment ?!
Enfin, il fallait avouer que la dite demoiselle, en matière de garçon n’avait strictement aucune expérience, et ne savait pas du tout comment se comporter en leur compagnie. Mais pourquoi est ce qu’elle était en train de penser à ça subitement ? Elle se débrouillait pourtant pas trop mal jusque là, alors pourquoi se mettre à douter soudainement ?! Peut être tout simplement parce que sa colère était redescendue en dessous du niveau de la mer, et il n’y avait plus aucune trace de spontanéité…
Elle poussa un soupir, et tenta de s’échapper en roulant le long du poteau, échappant ainsi au jeune homme qui n’avait certainement aucune idée de se qui se tramait dans la petite tête de la demoiselle. Et puis, s’il en avait eut vent, il se serait certainement dit qu’elle était complètement folle, et ne l’aurait certainement plus approcher de sitôt…
Et s’il était télépathe ?! Là, ça donnait carrément dans la folie pure. Rika se sont des choses qui n’existent pas, alors n’imagine pas se « don » chez tout le monde et encore moins chez ce jeune homme qui n’a même pas été foutu de savoir qui tu étais… Ce qu’elle pouvait être un peu idiote parfois….
Reprenant la marche vers on ne sait trop ou, elle tournait à présent le dos au jeune homme, ne souhaitant pas vraiment se retourner, elle était en train de prier le ciel de lui donner le courage de survivre à la panade dans laquelle elle venait de se mettre. Il y avait vraiment de quoi se demander si cette fille n’était pas lunatique… Mais ce n’était pas tellement le cas…
Une inspiration, une, et elle se retourna un petit sourire accroché aux lèvres, il fallait se remettre dans la peau de ce personnage bien en société alors qu’elle ne l’était plus tant que ça… Elle était déstabilisée.

« Bon, et bien alors, on dirait bien que ce cout sur la tête t’as plus sonné toi que moi ! Ces jeunes garçons populaires seraient-ils finalement que de petites natures ! »

Erf, peut être en avait-elle fait un peu trop, et voilà qu’elle piquait un phare. Mieux valait certainement pour elle qu’elle redevienne la jeune fille naturelle à souhait ou alors il allait vraiment se poser des questions…

Quelle histoire. Cette Rika était-elle malchanceuse ou maladroite ? Peut-être un savant mélange des deux … Ken n’était pas capable de répondre à cette interrogation muette. En même temps, cela faisait à peine une demi-heure qu’ils se connaissaient, comment le jeune homme aurait-il pu savoir quel trait de caractère définissait le mieux la lycéenne entre ces deux termes ? Bref, là n’était pas la question, Rika avait mal et elle se frottait vigoureusement le crâne, cherchant certainement à faire passer la douleur fulgurante, mais apparemment sans succès puisqu’il vit les larmes perler au coin de ses yeux.
C’était après cette ‘découverte’ que le jeune homme s’était arrêté net dans sa pique et avait commencé à s’inquiéter pour elle, la prenant par les épaules afin de la soutenir. Pour quoi faire ? Bonne question, elle tenait encore debout que je sache. Anzai Ken, prince charmant et fidèle destrier ? Peut-être bien, il se coupait toujours en quatre pour n’importe qui, enfin, sauf pour Shin tout de même. Mais on s’éloigne encore, décidément.
C’est alors que Ken vit Rika adresser un regard agressif au poteau qui lui avait causé tant de malheurs, comme si ce dernier allait l’entendre et s’incliner bien bas en lui marmonnant mille excuses … Cette petite anecdote fit sourire Ken. Si elle avait encore la force de considérer un poteau comme un être vivant, c’était que ce n’était pas très grave. D’ailleurs, elle ne tarda pas à lui répondre un petit :

Je vais bien... Enfin je crois !

Ken se sentit rassuré. Deux fois elle avait eu un accident en sa présence, était-ce donc lui qui lui portait la poisse ou quoi ? M’enfin avec une attitude pareille, n’importe quel garçon sain d’esprit aurait compris qu’il n’était pas indifférent à la demoiselle en face d’elle, mais Ken, lui, ne voyait qu’une succession de hasards malchanceux. Que voulez-vous, il était naïf. On n’y pouvait fichtrement rien.
Il n’eut pas le temps d’ajouter quoi que ce soit qu’il vit Rika glisser le long du poteau pour finir par terre, assise sur le bitume. Le jeune homme ne savait pas s’il devait s’accroupir devant elle pour lui parler ou rester debout et attendre qu’elle se redresse. Il constata avec stupeur qu’elle avait l’air vraiment perdue au fin fond de ses pensées. Mais justement, à quoi songeait-elle ? Le jeune nippon était curieux mais pas assez pour en devenir impoli et il garda le silence, respectant sa réflexion.
Finalement, il avait croisé les bras et s’était mis à fixer l’horizon, le bout de la rue quoi. Et en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, la demoiselle s’était relevée et se remettait en route. Ken, un peu à la ramasse, il faut dire qu’il avait affaire à une vraie girouette, mit un moment à comprendre que c’était reparti pour un tour, et finit enfin par réagir et la rejoignit d’un pas vif.

hé, attends !

Et elle se retourna, cette fois elle évita de marcher à reculons, n’allons pas réitérer l’expérience … Et, sourire aux lèvres, elle lança, narquoise :

Bon, et bien alors, on dirait bien que ce cout sur la tête t’as plus sonné toi que moi ! Ces jeunes garçons populaires seraient-ils finalement que de petites natures !

Une petite nature, lui ?! Ken se sentit piqué dans son orgueil, sa fierté d’homme. Se renfrognant, il accéléra le pas et dépassé franchement la jeune lycéenne, la traçant d’au moins cinq mètres. Il ne l’attendit pas cette fois, faisant sa mauvaise tête. Il faisait du boudin mais c’était du cinéma, de la pure comédie, on ne peut pas tirer la tronche à une fille à qui on doit un restau, merde ! XD Sans se retourner, il cria haut et fort :

je m’en fous que tu te sois pris un poteau comme une pas douée d’abord ! Et puis la petite nature elle va tranquillement aller se manger des takoyaki sans toi si tu continues !

KenKen, de mauvaise foi ? Sans doute. Il mériterait des claques, quand il agissait ainsi. C’est alors qu’une fenêtre s’ouvrit et une ménagère passa la tête par l’ouverture et hurla :

non mais c’est pas un peu fini tout ce boucan ?!! On n’entend même plus la télévision !

ano ! Gomenasai !

Il fallait avouer qu’il avait gueulé fort, le fourbe. Il s’était ainsi attiré les foudres de la dame, qui n’avait pas tort d’un côté. Une fois qu’il se fut excusé, elle referma sèchement sa fenêtre et tira les rideaux. Ken était rouge de honte, heureusement que la rue était plongée dans la pénombre et qu’il n’était pas en plein dans la lumière du lampadaire. Rika risquait de se foutre de lui, et il y avait quoi. Malgré tout, il continua sa marche, avançant cependant assez doucement pour que son accompagnatrice le rattrape

» Yagami Rika [en cour]
» bientot de retour
» C'est bien vous?[Shota]
» Une journée qui commençais pourtant bien …[Pv Yumi <3]