Un entraînement franchement pas facile ... [Hanazawa-San]

Shin n’aimait pas transpirer.

Il aimait le sport, ça c’était certain; sinon il ne se serait pas embêté à rejoindre le club de baseball lorsqu’il est entré à Jiyuu Gakuen. Mais maintenant, ça le rendait malade de participer aux activités, autant que l’odeur de l’effort d’une poignée d’adolescents lui retournait les entrailles. La raison ? Quiconque le connaissait un peu savait que Shin aimait contrôler et que de ne pas avoir l’autorité suprême lui broyait l’ego comme dans un robot culinaire. Et dans le club de baseball, il ne contrôlait pas. Bien que ce fut un membre de son groupe, les Kaze no Shounen, et qu’il avait le pouvoir sur le groupe, les activités de club étaient traitées à part.

Et c’est pourquoi il avait décidé d’ignorer Anzai Ken pour un moment, puisqu’il était en colère.

Mais ça n’avait pas duré longtemps, et puis ce n’était pas comme si ça changeait de son attitude coutumière. Shin n’avait pas l’habitude d’avoir de véritables contacts avec Ken, après tout; ils se parlaient mais sans plus. Ce n’était pas parce qu’ils faisaient partie du même groupe qu’ils étaient meilleurs amis… ni même amis. Shin n’avait pas d’amis, simplement parce qu’il n’en voulait pas et jugeait qu’il n’en avait pas besoin.

Bref, tout cela pour se retrouver en plein milieu de l’entraînement du dit club de baseball, la transpiration faisant coller ses cheveux sur son front et ses tempes, la respiration lourde. Le sifflet du professeur se fit soudain retentir, et Shin ralentit sa course jusqu’à atteindre une vitesse de marche, et se rendit soudain compte que ses membres le faisaient affreusement souffrir. Il n’avait pas encore repris sa meilleure condition physique après les courtes vacances du printemps, bien qu’il y eût un mois que l’entraînement ait repris. Il n’attendit pas les autres et s’engouffra dans les vestiaires des hommes pour prendre une douche qu’il jugeait bien méritée après les efforts du jour.

Il y passa une bonne demi-heure, prenant bien soin de déloger sa peau de toute sueur et de toute crasse qui pouvait s’y être logée. Il prit bien soin de nettoyer ses ongles, aussi; il avait horreur de la saleté. C’était compréhensible après tout. Il prit une autre demi-heure pour arranger ses cheveux pour en refaire la chevelure glorieuse qu’il arborait fièrement avant de se mettre à l’entraînement et s’habilla avant de sortir du vestiaire, son sac de sport sur l’épaule.

Puis, un bruit métallique.

Il baissa la tête doucement pour remarquer qu’un bâton de baseball en métal s’approchait doucement de ses pieds, roulant sur le sol. Il l’observa un moment, avant de lever la tête vers son propriétaire. Ah, non pas son propriétaire, mais sa propriétaire. Il la dévisagea d’un regard mauvais.

« T’es pas foutue de faire attention, pauvre fille ? »

HJ : Décidément, j'ai un problème avec les KnS XD

Yumi se précipita pour ramasser sa batte tout en s'excusant d'avoir manqué de lui écraser les doigts de pied. Mais ce qu'il lui dit lui parut inacceptable. Pauvre fille ? Non, mais de quel droit ? Elle se sentit bouillir, et plutôt que de se ré excuser platement, eut l'envie soudaine de lui faire une tête au carré. Mais elle se retint, serrant sa batte entre ses doigts. Oui, si vous n'aviez pas remarqué, Yumi est très susceptible et démarre au quart de tour.

- Hey ! Ca va ? Je me suis déjà excusée ! Tu te figures que je l'ai fait exprès ?

Elle leva les yeux au ciel. Elle n'aimait pas la compagnie des filles, mais parfois les garçons l'insupportaient aussi à cause de cela ... leurs élans de machisme impromptus quand ils se trouvaient avec des filles, et surtout lors des cours de sport. Elle l'avait vécu, bien sûr, moins que les filles qui avaient un peu de mal, ou encore celles qui étaient enrobées. Mais elle l'avait vécu tout de même, et pour son petit égo et son énorme susceptibilité, c'était déjà beaucoup trop. Elle explosa.

- Non mais ! Qui es-tu pour me traiter de pauvre fille ? Je vais te dire ce que je dis à chaque fois ... tout garçon que tu es, on sort du même endroit toi et moi ! Et sans une femme, une "pauvre fille" comme tu dis, tu ne serais sans doute même pas là pour faire ton petit macho prétentieux !

Elle se calma.

- Je marchais et j'étais en train de penser, je ne faisais pas attention à ce que je faisais, c'est tout.

Quand on connaissait Yumi, on savait qu'une fois qu'elle s'était fâchée, il était possible de discuter avec elle. Mais là, avec le niveau du lycée qui était haut placé, les entraînements de plus en plus durs, et ce petit groupe de garçons qui se sentait supérieurs aux autres, c'était beaucoup trop.

- Je te représente mes excuses.

Puis, elle pensa qu'il fût convenable de se présenter.

- Todoka Yumi. En première année.

Shin lui décocha un sourire arrogant. Il la regardait de haut dans tous les sens du terme et il n’avait aucun problème à le faire. Il ne connaissait pas la fille et, de toute évidence, elle ne savait pas à qui elle avait affaire, sinon elle aurait seulement réitéré ses excuses et déguerpi, peut-être même sans prendre la peine de ramasser sa batte. Le jeune homme se frotta doucement la tempe, sans se défaire de ce sourire condescendant qui donnait envie de l’attaquer à coup de spatule. Ou, dans le cas présent, de batte de baseball.

Le jeune homme remarqua que la demoiselle resserrait ses doigts autour du manche de sa batte. Tiens, l’avait-il énervée ? Tant mieux. Elle semblait drôlement amusante à voir en colère. Elle n’avait pas mis beaucoup de temps à se tendre comme un arc prêt à décocher une flèche. S’il n’avait pas été aussi occupé à jeter un regard à la fois dédaigneux et bourré de sarcasme à la demoiselle, son sourire se serait sans doute agrandi.

Il l’écouta sans rien dire, se contentant d’ancrer son regard qui ne présageait rien de bon dans celui de la demoiselle. Elle se permettait vraiment de croire que Shin l’appelait ‘pauvre fille’ simplement parce qu’elle en était une, mais c’était plutôt une insulte dirigée à elle seule. Il n’irait pas jusqu’à se dire misogyne, loin de là.

« Qui te dit que parce que je t’ai appelée toi une pauvre fille qu’elles en sont toutes ? » commença-t-il, et son regard se fit mauvais. « Je n’irais quand même pas jusqu’à dénigrer ma mère… elle se retournerait dans sa tombe. »

S’il avait de la chance, la fille regretterait ses paroles. Quelle fille normale n’était pas touchée lorsque quelqu’un mentionnait un défunt parent ? Même les garçons étaient émus par ce genre de trucs… Et puis, ce n’était pas comme s’il mentait; sa mère était vraiment morte, bien qu’il n’en eut pas de souvenir bien clair, et bien qu’il fasse le dur et affirme qu’il n’en avait strictement rien à foutre, il serait faux de dire qu’il n’éprouvait rien lorsqu’il pensait à ce que sa mère serait si elle ne s’était pas tuée dans un accident de voiture.

Mais son regard resta de marbre, toujours ce sourire épouvantablement hypocrite aux lèvres, le regard noir. Ça y est, il venait de mettre la fille dans sa liste grise; c'est-à-dire qu’elle n’était pas très loin de se retrouver sur la noire. Il était rapide en affaires et il jugeait que les premiers mots forgeaient l’opinion que l’on se faisait sur quelqu’un, à part le physique. Et bien qu’il n’eut lui-même la langue acérée à ses heures, il était égocentrique au point de penser qu’il était à lui de décider si quelqu’un avait le droit de respirer le même air que lui.

« Tout dans les jambes, rien dans le crâne… » fit Shin en détaillant la jeune fille du regard assez peu subtilement.

Il était quand même impressionné de la musculature de la jeune fille. Elle était loin de ressembler à un garçon quand même, mais elle avait un corps qu’il jugeait plus robuste que la plupart des filles qui étudiaient à l’école. Enfin, robuste dans le sens puissant; même s’il avait voulu être très méchant, il n’aurait pas pu dire avec raison que la fille était même enrobée, puisqu’elle était plutôt mince en fait.

« Hanazawa Shin ne se contente pas d’excuses, petite, » commença-t-il. « Et même si je n’étais pas moi avec tous les avantages qui viennent avec, on ne s’adresse pas à un sénior avec un simple ‘tu’. »

Il lui décocha un regard irrité. Il ne savait pas pourquoi il restait là, à s’obstiner avec une pauvre gamine de deux ans sa cadette, qui ne savait probablement pas à quel point elle se mettait dans le pétrin en lui adressant ainsi la parole. Il n’était pas du genre à se mettre à changer d’avis à propos d’une personne parce qu’elle lui tenait tête… ça risquait plutôt d’être le contraire.

(Pardon que Shin soit aussi méchant xDDDDD)

HJ : Mais quelle bande de manipulateurs XD On va bien s'amuser ^^

Yumi ravala difficilement sa salive quand le garçon lui dit que sa mère se retournerait dans sa tombe si jamais il se mettait à la dénigrer. A ne pas avoir trop de problèmes, on finit par oublier que les autres peuvent éventuellement en avoir, surtout de cet ordre là.
Mais bon ... en même temps, elle se pouvait pas savoir, ne ? Ne voulant pas s'enfoncer plus, elle ne dit rien. Ses cheveux se dressaient sur son crâne, parce que à mesure qu'il la regardait, elle se sentait comme scannée ... quelle sensation désagréable. Yumi ne savait pas qui était le jeune homme. Elle l'avait vaguement vu traîner avec un groupe d'autres garçons, se mettant plus en avant que les autres, mais n'avait jamais cherché plus loin. Ce qui ne la concernait pas directement ne l'intéressait pas, qu'il s'agisse des KnS et de la jeune fille qui étaient au cœur du conflit.
Après l'avoir regardée longtemps avec ses yeux qui lançaient des rayons infra-rouge (HJ : Shin, bionique XD), il dit, plutôt pour lui même "tout dans les jambes, rien dans la tête". Yumi lui lança un regard noir. Oui, elle aimait beaucoup le sport, mais ne laissait pas de côté les autres matières pour autant ! Elle avait bien conscience que sa vie ne se construirait pas uniquement sur un loisirs, une passion. Mais elle ne dit rien. Elle avait beau ne pas connaître les KnS, du fait qu'elle ne soit qu'en première année, et extrêmement désintéressée par les commérages, elle n'en était pas moins intelligente et sentait qu'il ne valait mieux pas chercher des noises au jeune homme.
Enfin ... elle se dit ça une demi-seconde ... parce que ...

- Ne ? Je ne respecte personne qui ne me respecte pas.

Elle ne dit pas cela sèchement, mais de manière tout à fait naturelle, tout en rangeant sa batte dans sa housse.

- Sûrement un de mes nombreux défaut ...

Oui, elle était souvent brut de décoffrage, mais elle se connaissait très bien.

- Alors si tu ne te contentes pas d'excuses, je te suis redevable, et je dois faire quelque-chose pour toi, pour pardonner ma bêtise d'avoir croisé ton chemin. Je suis à ta disposition, et après, nous serons quites.

De cette manière, se disait-elle, elle pourrait être tranquille, rapidement. Du moins, c'était ce qu'elle croyait ...

Franchement, elle avait du culot la petite Yumi ! Si c’était humainement possible, Shin l’aurait regardée d’un air encore plus mauvais, alors qu’ils engageaient une bataille de regards noirs que le richissime jouvenceau n’était pas prêt à perdre. Elle n’avait pas aimé le commentaire qu’il avait fait sur la demoiselle, avec raison, mais Shin ne s’attendait pas à ce qu’elle ne soutienne son regard. Elle avait vraiment, vraiment du courage la petite… ou alors elle était simplement ignorante.

Elle ne savait sûrement pas à qui elle avait affaire, même s’il avait eu l’obligeance de décliner son identité; tout au contraire du reste de l’école, qui l’appelait Hanazawa-sama d’une seule voix sur son passage, cette effrontée de première année osait le tutoyer ! Il avait onze personnes au monde qui l’avaient déjà tutoyé ou appelé par son prénom : son père, sa mère et ses neuf « garçons du vent ». Même ses copains du collège le vouvoyaient, bien qu’ils eurent le droit d’utiliser son prénom.

Et elle osait dire qu’elle ne respectait pas ceux qui ne lui rendaient pas la pareille… Elle était déjà chanceuse qu’il ne se soit pas barré sans plus de cérémonies.

« Ne pousse pas ta chance trop loin, petite, » lui fit-il en remontant son sac sur son épaule, puisqu’il avait légèrement glissé.

Elle brisa le contact visuel avec Shin pour ranger sa batte dans une housse, et il leva les yeux au ciel, exaspéré. La journée avait pourtant plutôt bien commencé… Mais elle pourrait se terminer bien aussi, songea-t-il lorsqu’il entendit les dernières paroles de Yumi. Un sourire se dessina sur ses lèvres. Quel adjectif utiliser pour le décrire ? Sûrement pas « attendri », ni « gentil », ni « amusé ». Même le mot « vicieux » était un peu léger. Carnassier ? Peu importe, ça ne laissait rien présager de bon. Il ne nota même pas le sarcasme de la phrase de la jeune fille, ses méninges roulant à mille à l’heure.

« Tu l’as dit toi-même… Tu dois te faire pardonner. »

Il ancra ses yeux dans ceux de Yumi; ils dansaient maintenant d’une lueur négativement malicieuse. Perfide.

« Tout d’abord, tu m’arrêtes les familiarités; ce sera ‘Hanazawa-sama’ et ‘vous’, » commença-t-il. « J’y tiens. »

Il songea un moment. Il aurait pu lui demander de faire quelque chose de dégradant, mais il n’était quand même pas sans-cœur; elle n’avait que seize ans, ou quelque chose dans ce coin-là, si elle était en première année, et puis… il n’était pas très attiré physiquement vers les filles aussi jeunes. Alors pour quelque chose de chaud, c’était loupé. Mais il avait d’autres cartes dans son jeu.

« Ensuite… tu connais Ishikawa Hikaru ? »

C’était une question stupide; il était certain qu’elle la connaissait, ne serait-ce que de nom, puisque Hikaru était la coqueluche du lycée. Son sourire mauvais s’agrandit légèrement alors qu’il mettait en place les derniers morceaux de son plan dans sa tête; la question n’était destinée qu’à lui donner un peu plus de temps pour finaliser le tout.

HJ : Je suis désolée, c'est assez court TT

Yumi aurait préféré que Shin s'en aille en fait ... qu'il ne lui prête pas une once d'attention et qu'il parte sans faire toutes ces simagrées. Pour qui se prenait-il ? Ce genre de personne imbu d'elle-même ne l'intéressait absolument pas ... Au contraire, elle avait plutôt tendance à les fuir comme la peste, elle n'avait pas envie d'avoir de problème. Mais là, elle s'y était mise jusqu'au cou, sans le savoir. Elle allait se retrouver mêlée à un drôle de conflit ... Tu parles d'une chance ... Mais elle ne dit rien, pour ne pas le provoquer plus, et ne pas l'énerver plus qu'il ne l'était. Allez savoir de quoi étaient capables ce genre d'individus.
Il la somma de l'appeler Hanazawa-Sama, et de le vouvoyer. Yumi ne dit rien non plus ... libre à lui de s'imaginer qu'elle l'appellerait comme ça ... devrait-elle ne plus jamais lui parler, jamais elle ne pourrait l'appeler comme ça, c'était viscéral. Elle ne supportait pas de se faire humilier. Par principe, elle ne respectait pas quiconque ne la respectait pas, et jamais elle ne dérogerait de cela, jamais elle ne renierait sa nature en toute connaissance de cause. Mais la pauvre Yumi était en train de s'embarquer dans une histoire qui allait lui faire renier tous ses principes. Mais elle n'avait pas le choix ... C'était soit elle acceptait de faire ce qu'il voulait, soit il chercherait des trucs pour lui pourrir l'existence ...

Il lui demanda alors si elle connaissait Ishikawa Hikaru. Yumi en avait entendu parler, bien évidemment, mais elle ne la connaissait pas pas personnellement. Elle en avait seulement entendu parler, car on essayait de la donner en modèle aux première année.

- Oui, je vois qui c'est.

Elle croisa les bras et s'adossa au mur du gymnase, attendant sagement ses ordres. Elle paraissait douce, mais c'était seulement en apparence, car du fond de son être, elle ne supportait pas l'homme devant elle. Elle ne supportait pas qu'on l'utilise, mais, elle n'avait pas le choix ne ? Elle lui avait donné sa parole, et pire, pour Yumi, d'aller contre ses principes, ne pas respecter la parole qu'elle avait donné ... mais la pauvre était loin de s'imaginer que cela allait lui apporter tant de soucis.

(Moi aussi pardon )

Shin eut un regard condescendant vers la jeune fille. Franchement, il ne voyait pas pour qui elle pouvait bien se prendre; non seulement elle parlait au prince du monde de la mode, que n’importe qui aurait respecté ne serait-ce qu’un brin pour la réputation qu’il avait dans le monde du mannequinat et le nom qu’il portait, mais en plus elle n’était qu’une simple première année avec une bouche trop grande… et qui risquait de lui apporter beaucoup d’ennuis. Surtout si c’était devant Shin qu’elle l’ouvrait…

« J’aimerais aussi que tu aies ne serait-ce qu’une fausse réaction quand je dis quelque chose, » s’irrita-t-il et il croisa ses bras sur sa poitrine tout en faisant attention de ne pas laisser tomber son sac sur le sol.

Yumi lui affirma qu’elle savait qui était Hikaru et Shin se rassura; ça lui ferait une chose de moins à apprendre à cette insolente de gamine. Ça le faisait déjà chier de rester en la présence d’une fille aussi insignifiante alors qu’il pourrait être en train de faire autre chose, comme arranger ses cheveux encore mieux qu’il ne l’étaient déjà ou dépenser son argent dans un magasin de vêtements de luxe.

*Et puis genre elle s’appuie sur le mur comme si elle était emmerdée de se trouver devant moi… Elle n’arrange pas son sort,* songea-t-il en levant les yeux au plafond.

« Bon, ça va m’éviter de perdre mon temps en explications. Je vais faire ça simple : je veux simplement que tu répandes une rumeur sur elle à travers les étudiants de première année. »

Il avait dit ce qu’il voulait, clair et facilement compréhensible, alors qu’un léger sourire sarcastique étirait ses lèvres pleines. Il savait qu’il aurait sans doute droit à un regard indigné ou à un refus strict, ou voire même à une gifle, si elle avait vraiment du culot, mais il lui ferait amèrement regretter toute résistance… dommage qu’elle ne le connaissait pas bien, ça aurait rendu la chose encore plus intéressante.

« Quelque chose du genre… ‘J’ai vu Hikaru-senpai embrasser deux garçons différents en trois jours,’ quelque chose qui ne serait pas trop tiré par les cheveux… mais qui ferait mal à sa réputation de petit ange. »

Shin élargit son sourire. Si Yumi exécutait son plan et jouait son rôle à la perfection, Hikaru risquait de prendre un gros coup de pied dans sa réputation de petite fille parfaite. Et c’était exactement ce qu’il lui fallait.

La petite était non seulement très culotée, mais aussi franchement impolie ! Ou du moins, Shin le pensa. Très sincèrement. Elle osait dire que Shin et sa manière d’agir étaient du n’importe quoi ? Il allait lui en montrer, du n’importe quoi… Dommage qu’il ait quand même un peu de jugement, et qu’il se rappela que son interlocutrice n’était qu’une gamine, parce qu’il l’aurait sûrement traînée à quelque part de peu fréquenté pour se faire comprendre d’une autre manière. Surtout lorsqu’elle eut l’audace de lui cracher aux pieds… si elle avait su se contenir, elle aurait peut-être été épargnée.

Yumi avait finit par s’éloigner, mais Shin savait qu’elle n’irait pas bien loin. Il avait été plus rapide qu’elle à remarquer qu’elle avait oublié ses affaires à deux pas de lui. Elle n’aurait pas trop le choix de les récupérer si elle tenait à sa place au sein de l’équipe de baseball, parce qu’il savait que les gens comme elle n’avaient pas l’argent que lui avait; lui, n’avait pas à se préoccuper de ses affaires, puisqu’il pouvait toujours racheter ce qu’il avait perdu ou oublié quelque part.

Et elle osa faire demi-tour.

Shin eut un sourire vicieux avant de poser son pied sur une extrémité de la batte, au moment où Yumi saisissait l’autre bout, et exerça assez de pression pour qu’elle soit incapable de s’en emparer. Dans un dernier acte de méchanceté, il se baissa à son niveau (il fallait qu’il marche sur son orgueil de façon assez terrible pour s’accroupir ainsi à côté d’elle), et saisit ses cheveux, juste au-dessus de son oreille. Il tira assez fort pour se faire obéir, mais quand même pas avec l’intention de la blesser (il n’était pas complètement stupide non plus), et approcha ses lèvres de l’oreille de la demoiselle.

« T’as de la chance que je ne frappe pas les filles… t’as dépassé les limites, beauté. Fais attention à toi, ce serait dommage qu’il t’arrive quelque chose. »

À bien y penser, il avait peut-être dépassé la limite, lui aussi, dans ses menaces, mais il ne s’en faisait pas trop pour l’instant. Il relâcha la demoiselle et se releva, ôtant par la même occasion son pied de sur la batte.

« Je pars avec en tête que le message n’est pas tombé dans l’oreille d’une sourde. »

Il n’attendit même pas de réponse et se tourna sur ses talons pour retourner en direction de l’école. Pour une raison évidente, il n’était pas de très bonne humeur et il n’avait qu’une seule envie : s’isoler. Il sera encore harcelé par Shuuji s’il reste encore trois jours hors de la vue de tous, mais quand il n’a pas envie d’être mêlé au monde, il fait en sorte de ne pas se faire trouver. Et il avait une bonne idée d’où il irait cette fois.