Là où l'on ne s'y attend pas (PV Kayo <3)

La douce lumière du matin filtrait à travers les rideaux minces de la chambre de Shin, caressant doucement son visage. Il plissa le nez lorsque, devenue trop intense, la clarté agressa ses yeux, le forçant à les ouvrir, une main sur le front. Il avait mal dormi, et son attitude s’en ferait sans doute ressentir toute la journée. Il maudit une dernière fois les oreillers trop mous que l’école fournissait aux pensionnaires et se redressa dans son lit, se frottant les yeux du revers de la main. Il jeta un œil au lit situé près du sien : personne. Le lit était même bien fait, comme si son colocataire n’était même pas rentré. Ce n’était pas comme s’il en avait quelque chose à faire, mais bon, Shin n’aimait pas qu’on le voie le matin lors du réveil. Ses cheveux ressemblaient à un tas de foin tombé hors d’une charrette et laissé quelques jours sur le bord d’un chemin de terre, et ça donnait un coup à son ego lorsque le gars qui partageait sa chambre était là lors de son réveil.

Il enfila ses pantoufles et se traîna les pieds jusqu’à sa penderie, qu’il ouvrit d’un grand geste de la main. Il fouilla paresseusement à travers le nombre impensable de tenues qu’il possédait, puis choisit un jean esthétiquement troué, un t-shirt blanc et une chemise à carreaux noire et rouge. Il aimait bien le look « mauvais garçon chic », aussi choisit-il une paire de souliers en cuir noir bien lustrés, qui contrastaient avec le reste sans pour autant manquer de goût.

Qui avait déjà vu Hanazawa Shin, fils unique et héritier d’Hanazawa Kenji, le célèbre designer, manquer de goût vestimentaire ?

Il prit une douche rapide avant de s’habiller, prenant soin d’ajuster sa chemise sur ses épaules, et appliqua de la crème sur son visage avant de saisir son séchoir à cheveux et d’entreprendre la longue tâche de rendre ses cheveux parfaits. Sa montre marquait neuf heures quinze lorsqu’il commença, et ce n’est qu’une heure vingt-trois minutes plus tard qu’il déclara sa tâche complète, ayant redonné à sa chevelure soyeuse sa splendeur habituelle.

Il saisit un veston sans manches de son garde-robe et l’enfila avant de fourrer son portable, ses lunettes de soleil et son portefeuille dans les poches, puis sortit de sa chambre, surpris de trouver le dortoir aussi calme à cette heure. Il jeta un œil à son téléphone, qui indiquait que la journée était vendredi.

*Voilà pourquoi y’a personne,* songea-t-il avant d’enfoncer ses mains dans les poches de sa veste et de se diriger lentement vers l’extérieur, prenant bien son temps, traînant ses pieds sur le plancher dans un son horripilant. Pas qu’il s’en faisait avec le fait de sécher les cours, puisqu’en général, les professeurs ne s’attendaient pas à le voir se présenter en classe.

Ses pensées divaguèrent sur les évènements des dernières semaines. Il était particulièrement fier de la façon dont il avait amorcé la guerre contre Ishikawa Hikaru, et bien qu’il fut satisfait de la tournure des choses jusqu’à maintenant, il ne comptait pas s’arrêter maintenant. Il éprouvait un malin plaisir à voir la jeune fille frissonner rien qu’en l’apercevant, lui, qui ferait de sa dernière année de lycée un cauchemar éveillé. Et de plus en plus de lycéens se joignaient à son point de vue, à son plus grand plaisir; il aimait se convaincre lui-même que son charisme agissait comme un aimant sur les étudiants de Jiyuu Gakuen. Ça faisait du bien à son ego.

Il sortit de l’internat et prit directement la direction de la sortie. Il n’avait pas envie de se faire chier plus longtemps à l’intérieur de quatre murs, ni même sur le terrain de l’école. Il plaça sur son nez ses larges lunettes de soleil, qui camouflaient ses jolis yeux marron, puis quitta l’enceinte de l’école nonchalamment.

Il prit le bus, puis le métro jusqu’à Shibuya, où il aimait se rendre. Après tout, il avait été élevé par un designer et une mannequin (jusqu’à ce qu’elle meure, bien sûr), et à Shibuya, la mode était reine. Ce n’était que naturel que ses pas, impulsivement, le mènent jusqu’à cet endroit. Il marcha un moment à travers le quartier, regardant les vitrines des magasins, jusqu’à ce que son estomac réclame à manger; il était vrai qu’il n’avait pas mangé depuis qu’il avait quitté l’école, et que midi avaient sonné depuis peu.

Il s’installa à un café tranquille et mangea un sandwich à l’écart du reste des clients, avant de reprendre sa marche à travers le quartier. Sans même qu’il ne s’en rende compte, le soir était tombé, et le ciel commençait à se faire un peu plus sombre. Il jeta un œil à sa montre : presque cinq heures.

Décidant de fouiller un peu dans des magasins, il entra au Shibuya 109; il n’avait pas envie de rentrer à l’école et il avait fait le tour du quartier plusieurs fois. Il monta directement à l’étage, et regarda un moment les magasins pour homme; il ne fut pas surpris lorsque les vendeurs le reconnurent, l’un murmurant à l’oreille de l’autre. Ce fut une autre histoire lorsqu’il descendit à l’étage pour filles, où il se faisait carrément dévisager par les demoiselles. Décidément, son charme faisait effet sur n’importe qui, ne put-il s’empêcher de penser, et il décrocha un sourire aguicheur à une jeune fille dont il croisa le regard, et fut récompensé par un rire nerveux alors qu’elle s’accrochait au bras de son amie.

Il passa son chemin, oubliant sur le moment la personne en question. Dans la lune, regardant les vêtements pour fille, il se fit bousculer par quelqu’un. Il claqua la langue, irrité, avant de se tourner vers la personne.

« Regarde où tu marches, » lui conseilla-t-il d’une voix loin d’être plaisante, les sourcils froncés, visiblement peu enchanté, en détaillant la demoiselle; l’étrange sensation d’avoir déjà aperçu son visage le frôla.

(J'espère que ça ira ^^ C'est pas très long mais bon =.= Syndrome du premier post xD)

Quelques jours à peine qu’elle avait mis les pieds dans ce lycée et Kayo avait déjà eu l’agréable surprise de se retrouver dans la même classe que son petit jouet préféré. Bien sûr ce n’était pas une véritable surprise vu que son père avait grandement insisté sur le caractère essentiel pour sa fille que d’entrer dans ce lycée où se trouvait une ancienne amie à elle. Le directeur n’avait pu refuser devant le charisme du père de Kayo (et surtout devant l’étendu de son porte-monnaie) et avait donc accepté de l’inscrire et de la mettre dans la même classe que Hishikawa Hikaru, son amie d’enfance. Mais sa joie fut réellement grande qu’au moment de passer le seuil de la porte lorsque leur professeur principal l’appela pour la présenter comme nouvelle élève. Bien sûr, elle avait revêtue pour l’occasion un adorable sourire et s’était exclamée de joie en apercevant Hikaru assise dans un coin de la classe. Mais elle n’avait pas non plus loupé l’expression paniquée et apeurée de la jeune fille en l’apercevant à son tour. Un réel délice ! Lorsque se fût son tour de se présenter, elle le fit de la manière la plus agréable et délicate dont elle était capable, il ne fallait pas se trahir tout de suite Hikaru avait beaucoup de fan paraîtrait-il, puis elle adressa un petit signe qui se voulait complice à celle qu’elle avait tant aimé torturer quelques années plus tôt, ce qui lui valut une place juste à côté d’elle. Elle était décidément très intelligente. En quelques sourires, elle avait obtenue tout ce qu’elle voulait.

Ce matin, lorsqu’elle se réveilla, Kayo ne put retenir ce large sourire qui ne cessait de se dessiner sur ses lèvres depuis son arrivée. Un large sourire qui reflétait sa satisfaction. Pour le moment, Hikaru pouvait se vanter de n’avoir pas eu à subir ses taquineries mais cela ne serait tarder. En arrivant, Kayo avait entendu dire que Anzai Ken, ce stupide garçon dont elle avait eu le béguin et qui avait fait démarrer indirectement le jeu, était présent lui aussi à Jiyuu gakuen. Il ne lui servait à rien de se présenter à lui puisqu’elle ne lui avait jamais parlé à l’époque mais elle savait qu’il faisait parti du groupe des garçons les mieux considérés de l’école. Les idoles du lycée. Et qu’en plus de cela, ce groupe s’était mis dans l’idée de tout faire pour rendre la vie impossible à la pauvre, pauvre Hikaru. Comment ne pas chercher à les rencontrer alors ? C’est ce qu’elle avait cherché à faire. D’abord en se renseignant surtout les membres du groupe pour savoir lequel était le plus susceptible de l’intéresser et de l’aider au mieux à trouver des moyens de la torturer. Un garçon dans sa classe qui n’aimait pas beaucoup Hikaru expliqua à Kayo que la guerre entre les KnS et leur camarade de classe avait été déclenché par Hanazawa Shin, le leader du clan et aussi le plus terrifiant. Mais qu’il ne fallait pas toujours se fier à la rumeur, les neuf autres garçons ne se sentaient pas tous autant concernés par ce conflit que l’était leur chef. Elle entendu même parler de quelque chose qui se serrait probablement passé entre Anzai Ken et Hikaru mais cela n’était qu’une rumeur et l’auteur de cette rumeur c’était pris un râteau de la part d’Hikaru.

Même si elle ne se fiait jamais aux rumeurs, étant bien souvent l’auteur de celles-ci, Kayo garda en tête cette information. On ne sait jamais, cela pourrait toujours lui servir, pour le moment elle espérait juste que cette rumeur soit parvenue jusqu’aux oreilles de Hanazawa sinon la suite risquait de ne pas être intéressante et elle pourrait alors ne pas entrer dans ses bonnes grâces. Ah oui encore une chose, Kayo n’avait pas fait que se renseigner sur les membres du KnS, elle les avaient aussi un peu espionné, et la première fois que son regard rencontra Shin, il ne lui en fallut pas plus pour se mettre dans la tête qu’elle devait à tout prix être sa petite amie.

Elle passa donc le temps de ses pauses à le chercher à la sortie des cours mais il semblait être introuvable. Elle apprit qu’il avait été absent toute la journée et cela lui mis les nerfs un peu en boule. Comme elle ne souhaitait pas s’en prendre tout de suite à Hikaru, de peur de s’attirer les foudres de ses admirateurs, elle se déchaîna sur plus jeune qu’elle mais cela ne suffit pas à la calmer. Le visage de Hikaru souriant ne l’aidant pas non plus. Lorsque retentit enfin la sonnerie du dernier cours, elle attrapa rageusement ses affaires et se dépêcha de rejoindre le pensionnat et sa chambre. Une fois à l’intérieur elle se jeta sur son lit et enfouit sa tête dans son oreiller pour hurler sa contrariété. Une fois à bout de souffle, elle respira un grand coup et se releva avec la ferme intention de se changer. Les cours étaient finis, elle n’avait plus besoin de porter cet uniforme qui la rendait banale au milieu des autres. Ouvrant grand son armoire, elle chercha une tenue provocante mais ne trouva pas réellement ce qu’elle souhaitait. C'est-à-dire quelque chose de neuf. Passant rapidement (c'est-à-dire après avoir jeté la moitié par terre tout ce qui ne lui convenait pas) une tenue féminine à souhait, elle attrapa un sac à main, y fourra le nécessaire et sortit rapidement sans prendre la peine de prévenir sa colocataire qu’elle croisa dans le couloir.

Une fois en ville, Kayo se dirigea directement vers Shibuya 109 sans prendre la peine d’admirer la collection en vitrine. Elle ne commença à se calmer qu’une fois à l’intérieur, en entendant la douce musique d’ambiance, les bavardages des vendeuses et en apercevant les étiquettes qui pouvait effrayer certaines acheteuses. Kayo fit comme à son habitude, c'est-à-dire qu’elle commença à regarder chaque vêtement sur chaque cintre pour être sur de ne rien rater. Ce n’était que dans ces moments là qu’elle arrivait à être très patiente. Mais elle n’eut pas le temps de trouver son bonheur que déjà quelqu’un la bousculait sans peine. Agacée, elle prit la mouche tout de suite, surtout en entendant les paroles menaçantes de son bourreau.

Kayo : Pauv’ type ! Achète toi un cerve...

Stoppant net sa phrase en constatant à qui elle s’adressait, Kayo aurait voulu se mordre la langue. Elle avait devant elle la raison de son état d’énervement de la journée. Hanazawa Shin était juste devant elle et l’avait bousculé. Une occasion excellente d’engager la conversation... Enfin s’il souhaitait toujours lui parler après ce qu’elle venait de lui dire. Non il ne fallait pas qu’il la déteste, elle devait s’excuser tout de suite.

Kayo : Hanazawa sama ! C’est pas ce que je voulait dire… Je pensais pas… Euh je… suis… désolée !

Arg ! C’est trois mots ensemble lui avaient brûlés la langues en franchissant ses lèvres. Comme elle détestait s’excuser ! Mais ici il le fallait absolument.

Shin détailla un moment la jeune fille qui se tenait devant lui. Elle était jolie, très jolie même, avec ses longs cheveux et ses grands yeux. Le genre de fille avec qui il n’aurait aucun problème à fréquenter, et si jamais l’occasion se présentait, il n’aurait aucune objection à sortir avec elle (enfin, dans son dictionnaire personnel, ‘sortir ensemble’ n’impliquait pas une relation de confiance entre deux partenaires, mais lui qui achète des fringues hors de prix à sa copine lorsqu’elle boude qu’ils ne se voient jamais, et ne fait même pas un pas en avant sans avoir une intention évidente derrière la tête). Il leva ses lunettes de devant ses yeux alors qu’il la jaugea du regard, de la tête aux pieds, sans même prendre la peine de se cacher ou de faire subtil; elle avait un joli corps et un bon sens de la mode. Il n’y avait qu’à regarder ses fringues; elles étaient bien choisies, et une fille qui sait s’habiller avait toujours un avantage de plus sur les autres. Il remarqua aussi qu’elle devait sans doute être une fille de bonne famille; le magasin dans lequel ils se trouvaient en était un où le morceau le plus simple et le moins cher dépassait le salaire bimensuel d’un salaryman normal. Pas moyen de regarder aussi sérieusement des fringues si on n’avait pas les moyens de se les procurer.

Dommage qu’elle ait eu la langue aussi venimeuse.

« Pauv’ type ! Achète toi un cerve…

- Pauvre type ? » répéta-t-il, un sourire à mi-chemin entre l’amusement et la moquerie, sans pour autant ignorer le fait qu’elle avait arrêté sa phrase en plein milieu : signe qu’il avait été reconnu. Tant mieux pour elle. Peut-être.

Disons qu’elle avait de la chance d’être mignonne. Et que Shin, aussi violent et colérique soit-il, ne frappe pas les filles.

Il passa sa langue sur ses lèvres, involontairement suggestif, alors que la demoiselle lui adressait de plates excuses. Il la regarda d’un œil désintéressé, fourrant une main dans la poche de sa veste; il n’en avait plus grand-chose à faire de la fille qui l’avait bousculé, maintenant, et si elle partait dans les dix prochaines secondes, il lui laisserait une chance, décida-t-il dans sa grande clémence. Le sandwich qu’il avait mangé ce midi-là avait été particulièrement bon et lui avait un peu remonté les esprits; il se sentait d’assez bonne humeur pour éviter à une autre personne sa redoutable colère. Jusqu’à ce que son cerveau, preuve qu’il n’avait pas besoin d’en acheter un, rattrape les évènements.

L’avait-elle appelé « Hanazawa-sama » ?

C’était donc une élève de Jiyuu Gakuen ? Ça semblait plausible, puisqu’elle ne lui rappelait pas une ancienne petite amie, bien que son visage lui fût familier. Il l’avait sans doute déjà entrevue à l’école; c’était la seule explication à laquelle il pouvait penser sur le moment. Il eut un sourire railleur en descendant son regard vers celui de la jeune fille; il faisait au moins une tête de plus qu’elle, difficile de lui parler au même niveau, bien qu’il sût que même au niveau social il fut supérieur (wé lui et son vilain ego xDD).

« Au moins tu sais à qui tu parles, » lui fit-il arrogamment, bien qu’il fut flatté, comme à chaque fois qu’il était reconnu par quelqu’un dont il ignorait l’existence. « Mais ça suffit pas de s’excuser, miss, aussi mignonne sois-tu. »

Il n’avait particulièrement rien en tête, mais ça l’amusait bien de regarder la demoiselle se fondre en excuses. Ça l’avait bien énervé sur le coup, qu’elle lui fonce dedans et tente de lui conseiller de se procurer un cerveau, mais la poussière avait vite retombé, comme toutes les fois; il se calmait généralement plus rapidement lorsqu’il était confronté à une fille, puisqu’il se considérait au moins trois fois supérieur qu’elles, et puis c’était une vraie gaspille d’énergie. Les filles, ça pleurait tout le temps, c’était fourbe entre elles et ça tirait les cheveux.

C’était bien plus amusant de jouer avec elle. Être contrarié ne lui servirait pas à grand-chose dans cette situation-ci.

(C'est COURT xD Pardon. Et nul aussi. *stressée à cause de demain* Pardon bis xD)

A l’attroupement de personne qui semblait s’être rassemblait non loin d’eux attirés par les éclats de voix, Kayo n’y prétend pas vraiment attention. Non pas qu’elle ne les avait pas vu. Seulement Kayo avait l’habitude également d’attirer l’attention. Dans son ancien lycée et même encore avant, elle avait toujours fait en sorte d’être reconnue comme une fille stylée et populaire. Elle se la joue modeste et gentille mais personne n’ignorait son vrai visage, celui d’une jeune fille qui n’hésite pas à poignarder les gens dans leur dos sans jamais se salir les mains elle-même. Pour le moment, sa réputation à Jiyuu était à faire et elle avait parfaitement compris que si elle devait atteindre un certain niveau de popularité, il ne fallait pas qu’elle fasse de l’ombre aux dix célèbres garçons afin de ne pas attirer leurs foudres mais surtout celle de Shin : Kayo ne voulait surtout pas être classé au même rang que la pauvre et frêle Hikaru, il ne manquerait plus que ça tient. Donc il ne lui restait plus qu’une seule solution : Attirer la sympathie du leader pour inciter les lycéens de Jiyuu à s’intéresser à elle et de ce fait à la rendre populaire. Surtout que pour être populaire auprès de ceux qui suivaient l’avis de Shin concernant Hikaru, Kayo avait deux ou trois outils bien tranchants dans sa poche.

Mais pour en revenir à l’instant présent, Kayo ne releva pas la tête lorsqu’elle entendit Shin chasser les spectateurs rangés derrière eux, attendant presque le coup de grâce du bourreau de la jeune fille ou peut être une chute moins attendue... Cela dit, la situation n’était pas suffisamment effrayante ou gênante à son goût pour qu’elle ne se démonte devant le jeune homme charismatique et têtu qu’était le chef des KnS. C’est pour cela qu’elle n’avait pas encore fuit dans la rue pour mettre le plus de distance possible entre eux deux. La remarque un peu perverse qu’il lui fit ne l’effraya pas non plus bien au contraire et s’il continuait ce petit jeu, Kayo n’était pas sur de parvenir jusqu’à la fin de l’échange comme elle l’avait prévu sans se jeter sur lui. Elle joua tout de même l’image de la petite fille prude, et tenta une explication de son manque de retenue lors de leur premier contact tout en oubliant pas de citer le nom de la jeune fille qu’elle avait tant aimé torturer plus jeune. Et l’effet qu’elle désirait donner à la situation ne se fit pas attendre trop longtemps à vrai dire.

En prétextant une excuse pitoyable devant Shin pour se faire pardonner d’avoir eu la langue trop acérée, elle savait pertinemment qu’elle n’attirerait ni sa clémence ni sa sympathie mais bien au contraire que cela risquerait de l’énerver d’avantage. Et sa réponse le démontra. Cela dit la simple évocation du prénom d’Hikaru sembla lui couper le souffle et Kayo sut à ce silence soudain qu’elle avait gagné la première manche de ce bras de fer. Elle avait attiré suffisamment son attention pour qu’il accepte sa présence encore un peu. Elle n’avait pas omis de signaler qu’elle partageait le même point de vue que lui à propos de la récente idole du lycée et qu’elle pouvait bien avoir des trucs intéressants à lui révéler.

Comme il semblait avoir perdu sa langue, Kayo risqua un léger regard vers son visage pour se délecter de sa petite victoire et ne fut absolument pas déçu de lui voir cet air intrigué avant de se plonger à nouveau dans la contemplation de ses chaussures pour dissimuler le sourire satisfait qui tentait de percer sur son visage. Il fallait qu’elle se reprenne avant d’attirer son attention une nouvelle fois. Cela dit, elle n’eut pas vraiment ce loisir.

Shin : Dans ma grande générosité, je te pardonne tout si tu me laisses te payer un café.

Quel retournement de situation vraiment. Et dire qu’il y a encore cinq minutes c’était à elle de trouver le meilleur moyen de s’excuser. Et même si le café n’était pas vraiment ça tasse de thé, elle ne pouvait décemment pas refuser une invitation de la part de Shin. Et pour dire vrai, elle avait oublié d’écouter la fin de la phrase lorsqu’elle avait senti la main du garçon lui prendre le bas de son visage pour la forcer doucement à plonger son regard dans le sien. (Double personnalité de Kayo : >.< Il veut vraiment que je lui saute dessus pour le violer celui là...)
Kayo avait beau être la plus grande insensible du monde, elle ne put empêcher ses joues de s’empourprer violemment et de serrer fortement le bas de sa jupe pour se retenir ne se compromettre. En croisant son regard, elle releva parfaitement l’intention séductrice que ce geste signifiait et dut se faire violence pour se retenir de tomber dans la contemplation avide de ses lèvres charmeuses.

Kayo : Je... Euh... J’accepte volontiers.

Bien sur qu’elle acceptait après le scénario qu’il venait de lui jouer. Mais il ne fallait pas qu’elle perde de vu son objectif en se laissant percer par ses illusions. Dans un premier temps, attirer l’intérêt de Shin. Il semble qu’elle ait réussi. Dans un second temps pourrir la vie d’Hikaru tout en se rapprochant de ce macho séducteur. Voilà, il fallait qu’elle continue de se vendre à propos de son passé commun avec la pauvre victime de son jeu pervers.

Kayo : Mais... Pourquoi ? Pourquoi d’un coup... Hanazawa sama me pardonne t-il aussi facilement ?

Il ne fallait pas non plus qu’il la croie idiote et naïve ni qu’il lui avait tapé dans l’œil et qu’il pouvait faire tout ce qu’il voulait d’elle. Ca s’était son plan à elle. Elle continuait de le fixer droit dans les yeux mais avait pris un air inquiet et un peu craintif.

Si Hanazawa était un parfait séducteur ? Bien sûr que oui voyons, sinon comment pourrait on qualifier la scène qu’il venait de jouer à Kayo... Si elle avait été un brin sentimentale, elle en aurait sans doute eu les larmes aux yeux de se croire comme dans l’un de ces dramas à l’eau de rose : L’instant précis du film que l’on a attendu depuis le début entre les deux héros, celui-ci même qui fait qu’on aime ou non le film, celui-ci encore qui, lorsqu’il n’est pas présent mais sous entendu rend le film un peu moins intéressant... Et c’est encore pire encore quand il est introduit mais pas conclu, qui nous rend frustrés et agacé, vous voyez bien de quoi on parle ne ? Ici, Kayo en avait plutôt la bave au bord des lèvres mais elle savait se retenir et encore plus devant l’objet de tout ses fantasmes du moment. Déglutissant difficilement tout en luttant pour ne pas tomber dans l’extase de la bouche du jeune homme qui cherchait à la titiller, elle accepta de le suivre sans une once de méfiance. Enfin c’est ce que lui devait croire cela dit, ou du moins le temps pour elle de retrouver une contenance bien sûr. Ce qu’elle aurait sans doute fait sans plus de difficulté si mister séduction ni avait pas ajouté son grain de sel en la guidant à l’extérieur de la boutique, une main posée sur son épaule. N’importe quelles filles dans sa situation ne pourraient aligner deux pensées dans le bon ordre ou réfléchir à un moyen de rendre la petite comédie de Shin réelle car, Kayo ne l’ignorait tout de même pas, le garçon qui l’attirait en dehors du magasin à cet instant précis en lui faisant croire de nombreuses choses n’était absolument pas préoccupé par elle. Soyons réaliste, un garçon de consistance normale lui aurait tout de suite demandé son nom et probablement si elle avait un petit ami ou quel lycée elle fréquentait... La seule chose qui semblait intéressait Shin pour le moment c’était son lien si particulier avec Hikaru. Non pas qu’elle s’en trouve offusquée... Elle pouvait être patiente quand elle voulait et elle était persuadée qu’elle obtiendrait ce qu’elle voulait un jour ou l’autre du moment que c’était un jour proche !

Pour en revenir à notre jeune cracheuse de venin en tout genre, son sang commençait à bouillir littéralement face aux actes calculés de Shin. Entre sa main délicatement posée sur son épaule pour la guider hors de la boutique de vêtement, ses petits contacts furtifs lorsqu’il marchait non loin d’elle et même sa réponse à sa question, sans une once d’agressivité et sur ce ton tellement agréable et convainquant qui aurait sans rassuré la plus naïve des filles du bahut.

Shin : Ne te méprends pas, je n’ai pas l’intention de profiter de quoi que ce soit alors cesse d’avoir peur. J’ai seulement envie de te connaître plus… et accessoirement le lien que tu as avec la petite Ishikawa.

Elle avait relevait la tête en l’entendant lui adresser la parole dans le but de croiser son regard et elle ne put s’empêcher de sourire intérieurement en pensant à l’hypocrisie dont faisait preuve son compagnon pour la rendre docile et plus bavarde. Pour ne pas paraître trop présomptueuse, Kayo baissa la tête pour faire croire à sa gêne devant cet aveu, comme elle avait souvent vu faire Hikaru lorsqu’elle supportait encore sa présence.

Kayo : Je... Je ne t’accusais de rien... Je suis... désolée... si je t’ai blessé !

Combien de fois devrait-elle s’excuser aujourd’hui encore ! Kayo détestait ça, ça lui rappelait tellement la lâcheté de son père face à sa ses caprices sans fin. Car au fond, tout ce qu’elle attendait de cet homme qui lui avait permis de voir le jour, c’était certes de l’intérêt mais surtout un semblant d’autorité. Au lieu de ça, il lui cédait tout et s’excusait lorsqu’elle voulait l’entendre hurler sur elle. C’est sans doute pour cette raison qu’elle préférait les garçons sûrs d’eux et imbus d’eux même. Mais ce n’est pas le moment de faire une psychanalyse de Kayo, on n’aurait pas assez d’une vie pour ça.

Malgré ses excuses qui se voulaient maladroites et inappropriées dans le but de la rendre plus mignonne, Kayo savait pertinemment que Shin ne disait pas cela dans le but de l’accuser de quoique ce soit. Elle voulait seulement bien lui signifier qu’elle n’avait aucune arrière pensée en citant Hikaru plus tôt. Cela dit, lorsque le garçon lui tendit la main pour l’aider à descendre de l’escalator, elle ne dissimula pas sa surprise, authentique cette fois, et hésita une fraction de seconde en fixant cette main ouverte devant elle avant de l’attraper timidement. C’était bien la première fois qu’on lui faisait ce coup là et ce n’était pas finit car une fois sur le sol, Shin ne lui lâcha pas la main. C’était assez gênant en fait, pas désagréable mais gênant. Tout le monde les regardait comme des bêtes curieuses et Kayo détestait ça. Mais la sensation de la main de Shin enserrant la sienne l’empêchait de dévoiler son vrai visage et de hurler sur les badauds de se mêler de leur cul et d’arrêter de les mater comme des pervers. Elle faillit gaffer cela dit, lorsqu’il lâcha sa main arrivé au café pour sortir son porte feuille, elle aurait bien râlé pour montrer qu’elle ne voulait pas qu’il la lâche maintenant qu’il avait pris l’initiative de la prendre par la main. Toutefois elle ne dit rien et le laissa parler. L’honneur était sauf pour le moment.

Kayo : Juste un thé aux fruits rouges pour moi !

Elle n’ajouta rien d’autre pour le moment, la situation était déjà assez surréaliste pour elle comme ça. Surréaliste parce que pas prévue du tout et non parce que Kayo l’imaginait impossible. Elle avait suffisamment de volonté et de caractère pour être persuadée qu’elle aurait pu reproduire cette situation à n’importe quel moment.
Elle attendit en silence à côté de lui que leur commande soit prête, qu’il paye leur achats et attrapa sa tasse avant de le suivre jusqu’à une table double.

Kayo : Merci... Pour le thé... C’est assez gênant en fait, vu que c’est moi qui n’arrête pas de t’offenser !


[Désolée du big retard de cette réponse, tu sais pour le concours mais après j'ai eu du mal à me remettre dans le rp xD]