Ca fait mal…[El doctor]

Invité

[ Je fais plus long d'habitude mais je m'adapte au posteur qui joue avec moi en général niveau longueur =P Genre avec Hikaru mes posts font 7 pages Word XD ]

L’après-midi avait enfin débuté. Shota avait aujourd’hui mangé un sandwich en centre-ville car il avait des courses à faire et avait profité de son temps libre entre midi et une heure pour aller faire ses emplettes.
Le jeune médecin avait donc mangé entre temps, vite fait bien fait comme on le dit si bien. Ainsi il serait revenu à temps pour reprendre son service au lycée. Et si un élève s’était blessé pendant son absence et avait eu besoin de ses soins ? Oh bah, maintenant il y avait la jeune stagiaire, Urumi, normalement elle restait au lycée pendant qu’il le quittait, ils fonctionnaient en relai en quelque sorte. D’ailleurs, il était bientôt treize heures, l’heure de sa reprise, et Urumi pourrait aller faire un tour elle aussi. Il devait la former mais ce n’était pas obligé que ce soir vingt-quatre heures sur vingt-quatre, et heureusement, sinon les deux pèteraient un plomb. Shota n’était pas très emballé à l’idée de faire le chef, mais il avait accepté l’idée avec le sourire et finalement il pensait qu’après tout c’était une expérience innovante à tenter. Et pas désagréable, Melle Yamamoto avait la conversation facile et avait tout l’air d’être compétente. Alors où était le problème ?
A force de réfléchir, Shota ne remarqua pas qu’il avait traîné la patte et que le métro qui devait le ramener vers le lycée venait de partir. Il soupira, et jeta un coup d’œil discret à sa montre : une heure moins le quart, il ne serait pas à l’heure. Tant pis, Urumi attendrait un peu. Quoique … Aïe !! Il lui avait dit que même s’il n’était pas là à pile, elle pourrait partir, après tout pour dix minutes près la secrétaire pouvait bien s’occuper de l’élève, elle avait l’habitude. Mais Shota, lui, n’avait pas l’habitude d’être en retard et il passa les dix minutes restantes à attendre le prochain métro en pestant et bougonnant.
Finalement, il arriva enfin et le jeune médecin s’engouffra à l’intérieur avec une rapidité déconcertante. Ha ben oui, il l’avait raté une fois, pas deux !
Une fois à l’intérieur, Shota ne tarda pas à se dénicher une place assise. Par chance, à cette heure-ci, pour une fois ce n’était pas bondé.

Une heure et quart. Shota sortit du véhicule avec empressement et hâta le pas. Avec la veine qu’il avait, il était certain qu’il y aurait un élève qui l’attendrait sagement à l’infirmerie, parce que la secrétaire serait partie manger ou une bêtise dans le genre. Rhaaa, mauvais, mauvais !
Courant presque dans les couloirs, le jeune médecin traversa le hall avec rapidité et traça jusqu’à l’infirmerie.
Il allait entrer lorsqu’il aperçut un jeune homme stationnant devant la porte. Il soupira. Et voilà, il l’avait bien prédit ! Pff …

Tu n’attends pas depuis trop longtemps j’espère ? Je suis vraiment désolé …

ce n’est pas moi qui suis souffrant, mais mon camarade. Il est entré et je crois bien qu’il vous cherche …

ah, je vois. Tu es en cours là, je présume ?

cours de sport, Takashima s’est blessé à la cheville en courant.

Takashima ? Oh, un KnS. Ce serait sans doute le premier des dix garçons à lui rendre une petite visite depuis la rentrée. Deux semaines. Il n’aurait attendu que ce laps de temps avant de se blesser … Takashima … Shota ne le voyait pas souvent celui-là. Il ne venait quasiment jamais et très renfermé, il était difficile à cerner. On verrait bien s’il arrivait à discuter un peu avec lui pour passer le temps !

Takashima ? J’y vais alors, tu peux retourner en cours. Je m’occupe de lui à présent. Encore merci de me l’avoir amené.

L’élève hocha la tête positivement et repartit dans la direction opposée à celle qu’avait prise Shota pour venir.
Le jeune infirmier ne perdit pas plus de temps, il était déjà assez en retard comme ça, et il pénétra dans l’infirmerie, son domaine.
Il aperçut Kyosuke qui s’agitait, planté en plein milieu de la salle. Shota s’éclaircit la voix pour signaler sa présence, ce qui eut l’effet escompté puisque l’adolescent se retourna derechef.

Konnichiwa, Takashima.

Le jeune homme s’empressa d’aller enfiler sa blouse. Urumi était bel et bien partie, en même temps c’était presque la demie.

désolé si je t’ai fait attendre. Tu vas trouver ça stupide, mais j’ai raté mon métro. Voilà mon excuse.

Il s’arrêta là dans son « racontage de life », comme on dit. Après tout, peut-être que Kyosuke n’en n’avait rien à cirer de sa petite vie d’adulte diplômé. Il se contenterait, pour commencer, de jouer son rôle de médecin scolaire.

alors, explique-moi ce que tu t’es fait, avant que je t’ausculte. Ton camarade m’a dit que tu t’es blessé en cours de sport … Quel sport ?

On le savait bien, les médecins étaient les rois de la question.
Shota fit assoir le jeune homme pour que sa jambe soit au repos. S’il avait mal à la cheville comme le disait le jeune élève croisé devant l’infirmerie, mieux valait que son pied soit à terre. Ainsi, Kyosuke trouva sa place sur un lit de l’infirmerie et l’infirmier scolaire le laissa un instant pour aller chercher son matériel

Il ne faisait pas très chaud dans cette infirmerie certainement avait il oublié d’y allumer les radiateurs, et bien qu’il ne doutait pas que le froid puisse tuer les microbes, il ne doutait pas non plus que cela pourrait le rendre malade. Mais ce n’était pas grave, il avait simplement mal a sa cheville et il n’y avait pas la moindre trace d’un quelconque infirmier. Il fallait croire que dans ce lycée on ne trouvait jamais ceux dont on avait besoin au moment où justement on en avait besoin. Franchement, un infirmier ça pouvait se trouver être utile dans un lycée non ?! Juste au cas où les élèves se blesseraient en faisant du sport ou en faisant une quelconque autre activité comme s’était son cas à lui… Oui, mais voila, là il était seul dans cette grande infirmerie à l’odeur infâme de désinfectant, où ses paroles semblaient faire écho…
Il y avait de quoi se demander si il devait rester à l’infirmerie en attendant que quelqu’un ne vienne le sauver de cette douleur ou alors si il devait aller se poser quelque part incognito, dans un endroit où personne ne le trouverait et où il aurait la paix… Mais voila, il n’eut pas vraiment le temps de prendre une quelconque décision étant donnée qu’un léger toussotement venait de retentir juste derrière lui. Un léger toussotement qui fit se retourner vivement Kyosuke, qui dans sa précipitation fit une nouvelle fois craquer sa pauvre cheville déjà bien endolorie… Manque de chance ?! Oui certainement mais ce n’était pas bien grave, il était solide et il survivrait !

Pas le moindre sourire du jeune homme, il avait mal, il venait de grimacer, et on ne pouvait pas non plus demander de sourire en plus… Surtout que ce n’était pas dans ses habitudes de grand causeur superbement extraverti. Egal à lui-même, il gardait un visage fermé qui ne pouvait que dévisager le médecin qui avait osé le délaisser pour vaquer à d’autres exercices… Mais au final il s’en fichait un peu, il souhaitait juste se faire soigner…

« Bonjour… »

La voix était évasive à peine vraiment présente, comme l’esprit de son propriétaire qui était déjà partie ailleurs, plongé dans d’innombrables pensée des méandre d’une caboche complètement rêveuse. Pourtant cet état de semi conscience ne l’empêchait absolument pas d’entendre ce qui pouvait se passer autour de lui… Non, il avait cette espèce de capacité étrange mais ça ne l’empêchait pas de faire le tri dans ce qu’il entendait et il y avait des choses qu’il omettait facilement…comme d’autre qu’il gardait en mémoire. Sans vraiment regarder, il suivait pourtant des yeux le docteur scolaire qui semblait chercher quelque chose qui lui manquait, cette chose étant sa blouse de médecin. Le genre de blouse qui ne sert décidément pas à grand-chose quand on est un simple médecin généraliste qui en plus de ça travaille dans un simple lycée… Mais ça on s’en fiche n’est ce pas ?!

Et voila qu’il se remet à parler, ça n’attire pas l’attention de Kyosuke, il se contente juste de le regarder avec cet air neutre, qui en énerve tant et qui en fascine autant. Il s’excuse, et s’explique mais Kyosuke s’en fiche puisqu’il est là maintenant, il se contente de répondre dans un espèce de grognement tout en hochant de la tête. Ce n’était pas vraiment un grognement de mécontentement ou bien grognement quelque peu agressif, c’était une sorte d’approbation à caractère inhumain.
Mais à présent c’était à lui de s’expliquer, il n’avait pas tellement envie de tailler une bavette avec le docteur, mais il y était tout de même quelque peu obligé, forcé et contraint pour le bien de sa pauvre cheville endolorie… Pourquoi donc celui qui l’avait amené jusqu’ici n’avait pas tout raconté a l’infirmier ?! Les gens ne pouvaient ils pas être plus bavard parfois ?! Pourquoi d’ailleurs ne l’étaient ils pas assez dans les moments les plus propices…

« Je suis tombé en jouant au foot, et je me suis fait mal à la cheville. Ca doit pas être très grave, mais ça fait mal… »

Il poussa un soupir, un simple soupir… A croire que tout l’ennuyait, même se faire soigner semblait l’embêtait profondément… Suivant le mouvement, il fini par se retrouver assis, sur le lit pas vraiment confortable de l’infirmerie… Au final absolument rien n’était plaisant dans cette foutue infirmerie, pas même l’infirmier. Ce n’était pas non plus qu’il ne l’aimait pas, mais il ne l’appréciait pas non plus, et ce n’était pas étonnant de la part de Kyosuke… Kyosuke qui attendant patiemment sans rien dire de plus que le docteur qui avait encore une fois disparu ne revienne pour s’occuper de lui. Kyosuke qui fixait une tache imaginaire sur le plafond blanc, immaculé de l’infirmerie qui l’était tout autant…
Il était encore une fois parti dans un autre monde, celui de ses pensées les plus profondes et secrètes… mais c’était ainsi qu’était Kyosuke infirmier ou non.

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Le jeune homme introverti lui rendit enfin son bonjour. Shota n’était pas frustré que le KnS ait mis tant de temps à répondre, il connaissait à peu près sa personnalité. Il avait entendu dire que Takashima Kyosuke était quelqu’un de timide, de réservé et qui parlait très peu. Alors il ne fallait pas s’étonner du temps de réaction qu’il avait eu. Après tout, Shota comprenait, il avait eu une période de solitude extrême où, dans son deuil, il refusait catégoriquement de rencontrer qui que ce soit, et ainsi s’était forgé une carapace qui l’avait rendu moins ouvert envers son entourage. Et encore aujourd’hui, cela se ressentait. Il essayait de faire des efforts lorsqu’il s’occupait des élèves qui le prenaient bien souvent pour une assistante sociale parce qu’un médecin agréable c’est toujours plus sympa … Au lycée, il n’aimait que moyennement se rendre à l’infirmerie, trouvant cela ennuyeux et désagréable. Il aurait davantage préféré être à la place de son médecin scolaire … Rien que pour exercer. Il fallait dire que le domaine de la médecine avait fasciné Shota dès son plus jeune âge et il n’en avait jamais démordu.
En tout cas, pour revenir à la réalité et aux responsabilités qui vont avec, Shota constata que Takashima n’avait rien répondu quant à la remarque de son sempaï concernant son retard. Il s’était contenté d’un faible grognement et d’une moue maussade. Vraiment associable, ce p’tit gars, se prit-il à penser avec amertume. A travers Kyosuke, il avait l’impression de se revoir à l’époque.
Cependant, il répondit au moins à la question la plus importante, c’est-à-dire à quel sport il s’était blessé.

Je suis tombé en jouant au foot, et je me suis fait mal à la cheville. Ca doit pas être très grave, mais ça fait mal…

Football. Hum … Rien de bien grave disait-il. Shota n’en pensait pas moins. Il s’était juste cassé la figure et avait fait un faux mouvement qui s’était au final révélé douloureux, mais pas dangereux. Il s’était foulé la cheville, voilà tout. Pas de quoi en faire des tonnes ! Mais Kyosuke, bon patient n’en faisait pas des tonnes justement. Il ne disait rien, ne se plaignait pas, ne râlait pas. Pas comme Watanabe Hiroto … Bref, nous n’étions pas là pour discuter de la pluie et du beau temps ou des autres élèves. Il fallait qu’il lui explique qu’il ne s’était rien cassé.
Au final, pas besoin de matériel quelconque. Ainsi le jeune médecin scolaire revint vite près de son patient et se contenta d’examiner minutieusement la cheville douloureuse après lui avoir demandé de se déchausser et de retirer ses chaussettes également. Il se doutait avant même ce petit examen que ce n’était qu’une vilaine foulure, mais il fallait y mettre de la forme tout de même, sinon ça faisait médecin négligent qui sert à rien. Shota se remit alors en mémoire l’époque de son stage à l’hôpital, il faisait des choses bien plus intéressantes qu’ici … Mais bon, il n’avait pas trop le choix, la blessure était encore trop vive, s’il retournait là-bas les souvenirs du petit garçon ressurgiraient à nouveau et il serait incapable d’exercer correctement. Il fallait faire passer du temps, beaucoup de temps, et ce job de médecin scolaire, même si c’était plat et répétitif, lui permettait de ne pas rouiller et de rester dans le domaine médical. Alors c’était bien mieux que rien. Et puis, il avait de la compagnie, à travailler dans un lycée, au lieu de ruminer dans son appartement sombre manquant de touche féminine …

sois tranquille, ce n’est qu’une foulure de rien du tout. C’est juste douloureux … Je vais aller te chercher des calamnts.

Aussitôt dit aussitôt fait, n’est-ce pas … Ainsi Shota disparut à nouveau pour aller chercher des comprimés et un gobelet en plastique rempli d’eau. Une fois tout cela récupéré, il revint, le sourire au lèvres vers son patient muet et lui tendit le cachet et le gobelet.

Bois, et dans une demi-heure environ ça aura fait son effet.

Pendant que Kyosuke s’exécutait, Shota s’assit dans son fauteuil qu’il avait fait rouler jusque devant le lit où était assis le jeune homme. En face de lui, il croisa les mains et resta un moment silencieux, pensif. Puis, après ce silence, il finit par reprendre la parole :

tu vas peut-être me trouver indiscret mais … Pourquoi es-tu si peu bavard ?

Au final, le jeune médecin scolaire se trouvait plus à l’aise dans son rôle d’assistant social, il se sentait plus utile … En général les élèves ne se blessaient jamais gravement, et si c’était le cas ils allaient à l’hôpital. Alors, la chose la plus utile qu’il pouvait faire était d’écouter les élèves et de les conseiller. C’est pourquoi il ne rechignait jamais quand une demoiselle venait lui conter ses peines de cœur, même si malgré les apparences, il était un véritable novice dans le domaine : une copine au lycée qui l’a largué pour un autre, et aucune fiancée depuis … Lamentable. Pourtant, il n’était pas moche. Mais cela venait sûrement de la personnalité.

C’était certain Kyosuke n’aimait pas le sport, et à ce moment là, il l’aimait de moins en moins. D’ailleurs pourquoi obligeait on les élèves à faire du sport malgré eux, certes il y en avaient qui devaient fortement apprécier de courir après leur baballe, ou encore de frapper dans cette maudite baballe, mais d’autres comme lui, préféré de loin l’ombre d’un cerisier en fleurs. Un petit truc tranquille, pas brutale pour un sous, un truc calme où l’on pouvait se reposer en paix sans avoir à subir la violence d’une équipe adverse et encore moins le port de ce foutu petit short horriblement moche…

Poussant de nouveau un soupir en voyant son rêve de tranquillité s’effacer avec l’espoir de voir un jour l’école sans sport, il ne put que reporter son attention sur le médecin scolaire. Qu’allait il lui faire ?! Certainement pas quelque chose de douloureux, du moins il l’espérait, car comme beaucoup de genre, la douleur était quelque chose de véritablement déplaisant pour Kyosuke… Suivant les directives du médecin, il retira avec soin sa chaussure en essayant de la déplacer le moins possible. C’est qu’il n’avait pas vraiment envie de se faire plus mal encore, mais l’étape la plus délicate qui s’annoncerait ce nommer « chaussette ». Quel acte plus anodin que de retirer une chaussette ?! On ne pouvait pas faire plus simple, pourtant la douleur qui lui engourdissait la cheville, semblait rendre la tache des plus difficiles, voir absolument impossible. Pourtant ce fut d’une main sûr et froide que Kyosuke retira sa chaussette sans hésitations, aucunes… Mais cela lui arracha tout de même une petite grimace, pas de douleur mais surtout d’appréhension.

« Sois tranquille, ce n’est qu’une foulure de rien du tout. C’est juste douloureux … Je vais aller te chercher des calmants. »

Encore heureux, qu’il ne s’agissait là que d’une foulure, comment aurait il put se promener avec une autre blessure ?! Il n’en avait pas la moindre idée, Kyosuke n’était pas vraiment un casse cou, c’était plutôt un jeune homme terriblement tranquille. Tranquillité, qui d’ailleurs avait toujours fait peur a cette brave femme, un peu folle qu’était sa mère adoptive. Et toujours assis sur banquette le pied, à l’air se demandant si il fallait qu’il remette sa chaussure, il attendait le retour du médecin qui était encore parti en vadrouille. Mais une vadrouille dont il n’ignorait pas l’enjeu ! Des calmants, quelque chose qui lui permettrait de se sentir mieux dans ses baskets, et c’était le cas de le dire sans mauvais jeux de mots…

Pourtant quant il revint armé de son gobelet et son médicament quelconque, Kyosuke ne put que se méfier, c’est qu’il n’était pas vraiment fanatique des médicaments, mais ça, ça devait aussi venir de son éducation avec sa mère qui pratiquait la médecine douce… Mais ce ne fut pas pour autant qu’il n’avala pas le médicament avec le verre d’eau qu’on venait de lui apporter. Le tout sans réellement quitter de son regard noir le médecin scolaire qui venait de s’asseoir dans son fauteuil, fauteuil qu’il fit rouler pour arriver au pied du jeune « malade ». Pourquoi faisait il ça ?! Voulait il lui demander quelque chose ?! S’attendait il à ce que Kyosuke entame la discussion en imposant se silence qui aurait put être pesant ?!
Ayant vidé son verre, il ne put que le garder à la main, il ne voulait pas entamer la conversation, ne serait ce qu’en demandant à l’infirmier de reprendre son foutu verre… Il ne voulait pas briser le silence pas lui-même, il se montrerait poli, et répondrait si on lui posait des questions, mais ne ferait pas plus. Il se connaissait, et il ne se donnait que très rarement la peine de s’ouvrir un peu plus, d’ailleurs il ne s’ouvrait aux autres que dans des situations qui pouvaient l’intéresser… Et là, il ne savait pas encore si ce qui allait arriver éveillerait ou non en lui un quelconque intérêt.
Et enfin arriva le moment ou le silence fut rompu. Pas par Kyosuke, c’était une certitude, mais par l’infirmier. Peut être en avait il eut simplement marre d’attendre une phrase, un petit mot, une expression de la part du jeune homme… Enfin rien n’était moins sûr.

« Tu vas peut-être me trouver indiscret mais … Pourquoi es-tu si peu bavard ? »

Indiscret ?! Non il ne trouvait pas ça indiscret, il trouvait ça juste embêtant, c’était toujours la même question qui revenait, et c’était toujours la même réponse…

« Je ne sais pas… »

Oui, c’était une réponse tout ce qu’il y avait de plus anodine, un peu passe partout, mais tellement réelle. Il aurait certainement put inventer quelque chose, du genre petite histoire qui aurait plût à tout ceux qui l’auraient entendu. Une petite histoire romanesque, rocambolesque et voir même triste à en mourir, mais ce n’était pas le cas, et il préférait de loin dire la vérité… Ou du moins ce qu’il pensait à ce moment là et à chaque fois qu’on lui posait cette question…

« Ma façon d’être vous gène ?! »

C’était une question qu’il s’était toujours posé. Il fallait bien une raison pour que les gens qu’il croisait lui posent ce genre de question ?! Ça ne pouvait pas arriver ainsi comme ci de rien n’était… Il n’en savait rien là non plus, il ne savait pas… Les gens étaient décidément trop étrange pour ce pauvre Kyosuke qui se sentait un peu perdu par moment. Et bien qu’il trouvait les gens étranges, il n’avait pas vraiment le choix, et il devait continuer à vivre en leur compagnie sans trop en faire, et sans se miner la santé en se posant trop de question, voir même sans se demander si il était comme les autres.
Et après avoir poser sa question, il s’étira légèrement sur le coté pour poser le verre qu’on venait de lui donner sur une tablette qui se trouvait non loin de là. Se débarrassant ainsi de ce qui lui encombrait les mains, ce qui le retenait encore ici alors qu’il avait à présent le pouvoir de partir… Enfin si il réussissait à remettre sa chaussette et sa chaussure…

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Chercher le pourquoi du comment. Etait-ce une vocation chez Shota, une seconde nature ? Il ne se souvenait plus à quelle époque il avait pris la ferme décision d’aider les autres coûte que coûte, mais il était au moins certain que c’était arrivé très tôt. Jeune, le médecin scolaire était plutôt mal dans sa peau et se jetait à corps perdu dans les études, n’ayant que peu de relations hormis quelques camarades de classe. Il avait toujours été un peu timide et renfermé, et aujourd’hui encore cet état d’esprit restait intact. Ainsi, puisqu’il ne parvenait pas à changer son attitude, à faire fondre cette carapace qui le recouvrait au quotidien pour le protéger de je ne sais quoi, il avait décidé de rendre service à un maximum de gens.
Mais est-ce qu’en lui posant des questions indiscrètes, qui plus est des questions que tout le monde avait dû certainement lui poser, Shota aidait seulement Kyosuke ? Rien n’était moins sûr, malheureusement.
En tout cas, à sa fameuse question aux allures d’interrogatoire, Kyosuke répondit qu’il ne savait pas pourquoi il se cachait derrière son mutisme. Shota n’insista pas, il comprenait tout à fait que le jeune adolescent ait du mal avec sa propre façon d’agir. Que répondrait-il, lui, si un jour on venait à lui demander pourquoi lorsqu’il était étudiant, il n’avait pas eu de copine ni d’amis, qu’il passait son temps le nez fourrés dans ses bouquins de révisions ? Que répondrait-il si on lui demandait pourquoi avec un tel diplôme il se contentait d’exercer dans un lycée banal de la banlieue tokyoïte ? Personne hormis ceux avec qui il travaillait à l’époque ne savait que Shota avait un jour bossé dans un hôpital de la capitale, et que là-bas il s’était fait son premier véritable ami, un patient d’environ neuf ans qui était mort à présent. Personne ne savait qu’il avait cette mort sur la conscience, jour après jour … Et pourtant, il n’y était pour rien ! Strictement rien. Mais malgré tout cette pensée le hantait et même si le temps avait passé, il se demandait si un jour il se sentirait capable de travailler à nouveau en hôpital. Il faudrait qu’il apprenne à surmonter la mort …
Mais pour le cas présent, Shota devait s’occuper d’un lycéen de troisième année relativement muet qui s’était foulé la cheville en sport. Ce garçon qui appartenait au groupe dont la popularité était montée en flèche en un an, un groupe qui au départ était bien sympathique et qui maintenant semait le trouble parmi les lycéens. Chassant donc ses souvenirs liés au petit Shohei de sa tête, le jeune médecin se concentra à nouveau sur son actuel patient qui avait répliqué avant même qu’il n’ait pu dire quoi que ce soit :

Ma façon d’être vous gène ?!

Shota ferma les yeux une fraction de seconde, et les rouvrit, pour fixer intensément le jeune homme. Une réaction pareille relevait d’un certain manque de confiance en lui, et Shota avait l’impression de se revoir quelques années plus tôt à travers les yeux de Kyosuke. C’était un sentiment particulier … Mais il s’efforça de ne pas y penser plus que ça. S’il commençait à chercher une partie de lui en chacun des élèves de ce lycée, il n’avait pas fini …
En attendant, il fallait peut-être qu’il dise quelque chose à Takashima. Déjà qu’il avait fait l’effort de tenir la ‘conversation’, il n’allait tout de même pas le laisser parler dans le vide.

Je n’ai aucun problème avec toi, tu sais … Tu es comme tu es et je n’ai aucun regard là-dessus. Sache juste que si tu as quoi que ce soit, tu peux m’en parler, ça ne sortira pas d’ici.

Shota se rendit compte au moment où il avait prononcé cette phrase qu’il avait parlé comme un psychologue. Décidement …
La chose qui l’intriguait dans l’état actuel des choses c’était tout de même cette histoire de KnS qui traînait. Pourquoi diable des adolescents avaient ils forcément besoin de se sentir supérieurs aux autres ? Ah ça mon petit Shota, tu y verrais sans doute plus clair si tu avais vécu un peu mieux ta propre adolescence … Enfin bon ce n’était pas le sujet du jour. Le jeune médecin se demandait s’il pouvait se permettre de questionner Kyosuke à propos de sa petite bande. Mais encore une fois il hésitait car ce jeune homme n’avait pas l’air commode, ni enclin à la conversation prolongée, et s’il le vexait il ne viendrait plus à l’infirmerie même s’il avait quelque chose. Ce qui au fond l’embêterait un peu car même s’il le connaissait peu, Shota aimait bien cet élève car il avait vraiment l’impression de lui ressembler. Mais il se voyait mal lui sortir, du tac au tac « oui, je t’aime bien mon p’tit gars, tu me ressembles quand j’étais minot … » Ce n’était pas trop le genre de la maison.

Dis-moi … Sais-tu exactement pourquoi toi et ton groupe, vous vous en prenez à cette fille ? J’ai un peu du mal à saisir. Je suis peut-être un boulet ?

Shota essayait vainement d’être un peu drôle, de se mettre à l’actualité. Mais Kyosuke risquait plus de le prendre pour un toubib demeuré qu’autre chose. Mais Shota se fichait un peu de ça, après tout son image de lui-même était relativement floue et il serait incapable de dire comment il apparaissait aux yeux des autres.
Tout en attendant une réponse, il l’observa tenter de remettre sa chaussette et sa chaussure avec peine, un sourire amusé sur le visage. Pourquoi était-ce au foot qu’il s’était blessé ? Si c’était au basket, il aurait peut-être pu discuter de ce sport avec son patient, et ça aurait pu être intéressant … Peu importe

Pauvre Kyosuke qui était toujours en train de se battre avec sa maudite chaussette, décidemment être blessé ne lui réussissait pas. Enfin il fallait être logique, être blesser ne réussissait à personne, ce n’était pas quelque chose qui lui était propre. Donc ce battant toujours avec sa chaussette, il finit tout de même par réussir à la remettre non pas sans douleur. Lui qui ne se blessait que dans de très rares occasions ne pouvait que se sentir heureux de ça, non ?! Il comprenait d’ailleurs de moins en moins les sportifs, et surtout les footballeurs. Qui croirait que ce sport, qui consiste juste à courir après un ballon, s’avère être aussi dangereux ; Kyosuke avait déjà vu un match à la télé, son père aimait ce sport, et il avait alors trouvé que le nombre de blessé lors de se match là avait été plutôt élevé… Enfin il ne doutait pas non plus que la plupart des dits blessés étaient de très bons acteurs, et que leur douleur était aussi inexistante que l’envie qu’avait Kyosuke de courir après le ballon blanc et noir… Non lui préférait de loin le calme d’une feuille de papier blanc, ou encore celui d’une toile, c’était bien plus paisible ainsi, et puis quand il se mettait à dessiner plus rien autour de lui ne semblait pouvoir le sortir de sa transe créatrice…

Mais cela faisait apparemment bien parti d’une autre histoire, alors il n’avait réellement besoin d’y songer pour le moment. Il attrapa sa chaussure, voulant la remettre tout en se disant que la douleur qu’il venait de ressentir en voulant remettre sa chaussette n’avait pas été agréable, alors, remettre sa chaussure n’allait certainement pas être une partie de plaisir n’est ce pas ?! Voilà qu’il venait de pousser un soupir alors qu’il ne s’était même pas encore apprêté à la tache, il fallait dire aussi, que la douleur qu’il venait de ressentir, bien que le garçon soit douillet, en aurait refréné un certain nombre, mais lui ne voulait pas se balader en chaussette dans les couloirs du lycée.
Pourquoi ?! Et bien simplement parce que sa mère en voyant une chaussette noire de la crasse du carrelage foulé par tant de chaussures se mettraient certainement à hurler par tous les temps sur son fils, et ce, même s’il était blessé. Mais il ne serait pas capable de lui en vouloir, parce que cette femme avait l’art et la manière de crier tout en rendant la chose rigolote, adorable ou alors tout simplement effrayante…

Abandonnant un peu ses tentatives de remettre sa chaussure, Kyosuke se mit alors à regarder l’infirmier, qui le fixait… Cela dérangea un peu Kyosuke, il avait pourtant l’habitude qu’on le fixe, après tout il était l’un de ses garçons si populaire de se maudit lycée, il faisait parti de ses garçons que les filles regardaient tout le temps avec un sourire de béatitude complète sur le visage. Mais de la façon dont l’infirmier le regarder à ce moment là, il n’y avait pas la moindre traces de béatitude, pas la moindre trace de jeunes adolescentes, il semblait l’analyser, regardant jusqu’aux tréfonds de l’âme du jeune homme. Et ce pauvre Kyosuke n’aimait pas ça, rien que l’idée qu’il puisse le comprendre, ou tenter de comprendre la situation du jeune homme le mettait mal à l’aise…

« Je n’ai aucun problème avec toi, tu sais … Tu es comme tu es et je n’ai aucun regard là-dessus. Sache juste que si tu as quoi que ce soit, tu peux m’en parler, ça ne sortira pas d’ici. »

Kyosuke avait il vraiment des problèmes ?! Il en doutait vraiment, après tout personne ne s’en prenait à lui, et il avait une vie de famille plutôt exemplaire même si sa mère pouvait paraître un peu folle de prime abord. Et puis il n’était pas vraiment comme les autres garçons de ce lycée, lui était du genre effacé, et ne cherchait pas d’embêtement juste la tranquillité, en cela il trouvait qu’il n’avait pas le moindre problème. Alors au final, lui, même en étant quelqu’un de renfermé et étrange, il avait une vie tranquille et assez monotone. Il n’avait strictement rien à raconter à ce cher infirmier qui se faisait un peu trop curieux à son gout… Alors il se contentait de rester silencieux, et ce regard qu’il avait auparavant fuit, il le fixait à présent, voulait faire comprendre a l’intéressait qu’il n’avait rien à lui dire à ce sujet là, rien du tout qui ne soit réellement intéressant pour lui. Et même si ce regard que posait Kyosuke sur l’infirmier était lourd de sous-entendu, il n’était pour autant absolument pas hostile… Juste vide…

« Dis-moi … Sais-tu exactement pourquoi toi et ton groupe, vous vous en prenez à cette fille ? J’ai un peu du mal à saisir. Je suis peut-être un boulet ? »

En entendant ses mots là, cette nouvelle question, Kyosuke poussa un soupir de désapprobation et surtout d’ennui… Il n’avait pas l’air de comprendre que Kyosuke n’avait pas vraiment envie de parler, mais il fallait croire qu’il avait vraiment l’air de vouloir se mettre à la page…
Mais niveau actualité, mieux valait pour lui parler normalement avec Kyosuke, il n’était pas spécialement adepte du langage des jeunes, enfin pour tout avouer Kyosuke n’était tout simplement pas un adepte de la discussion…
Passant une main dans ses cheveux, il avait à présent un air ennuyé inscrit sur le visage, que pouvait il répondre à ça ?! Rien qui ne vaille réellement le détour, le seul qui connaissait vraiment les raisons d’un tel acharnement s’était Shin et non Kyosuke…

« Je ne m’en prends à personne… »

Kyosuke ne connaissait même pas la dite demoiselle, il avait même un peu de mal à se rappeler de son prénom. Hiroko ?! Non, Hikaru, voilà. Il l’avait déjà croisé une ou deux fois dans les couloirs mais jamais il ne lui avait adressé la parole. Pourquoi l’aurait il fait d’ailleurs ?!
Elle pouvait bien détruire la si grande réputation des Kaze no Shounen, lui n’en serait aucunement gêné… Il n’avait jamais vraiment compté là dessus, et d’ailleurs se trouverait certainement bien plus tranquille une fois tout ça tassé… Il se sentirait un peu comme du temps ou personne ne le connaissait…

« Ca ne m’intéresse pas vraiment de brutaliser les gens… D’ailleurs comme vous le voyez je suis pas quelqu’un de tailler pour la bagarre. »

Qu’aurait il put lui dire d’autre ?! Il n’allait pas non plus avouer les raisons de tant d’acharnement ?! Elles lui semblaient tellement idiotes que cela n’en valait vraiment pas la peine, alors mieux valait ne pas les révéler à qui que ce soit, même si celui qui s’y intéressait semblait vouloir garder secret tout ce que Kyosuke pourrait lui dire…Et en parlant de Kyosuke, il venait enfin de se remettre à tripotter sa chaussure et à essayer de la remettre. Si cela continuait ainsi, il n’était pas près de sortir de l’infirmerie… et en plus l’infirmier semblait bien se moquer de lui… Pauvre petite Kyosuke, endoloris, et aussi ennuyé…