Yumiii !

Elle avait parut surprise d'apprendre qu'Inori était dans le même lycée qu'elle, c'était palpable et elle l'avait ressenti. Plus les minutes s'écoulaient, plus elle se demandait comment était construite Kanna, quel avait été son vécu, ce qui la rendait mélancolique. Elle l'avait souvent vue dans les couloirs du lycée. la frêle jeune fille aussi fragile qu'une brindille marchait en regardant ses chaussures. Elle ne souriait jamais, ne parlait que très peu et son regard était triste. Inori bien que timide était très observatrice et toujours elle avait étudié les gens. Peu de monde la connaissait, mais elle connaissait énormément de gens. N'écoutant pas les rumeurs, elle se fiait à ses yeux et à son cœur, bien plus qu'à ses oreilles et à ses camarades.
Assise sur le lit de Kanna, regardant le mur impeccable et autour d'elle la chambre minutieusement rangée, ses pensées se mélangeaient dans la tête. Elle sortit son portefeuille se son sac et l'ouvrit. En dehors de quelques tickets de caisse, de listes en tout genre, de papiers d'identité divers et de monnaie s'y trouvait des photographies. Telle un rébus, son histoire se lisait dedans dans la même transparence et les même couleur. Par la présence et l'absence. Il s'y trouvait des icônes représentant son Grand-père, sa Grand-mère, ses tantes et sa cousine. Pas de photo de sa mère, de son frère ou de son père. Bien qu'elle les aimait, elle n'en avait pas. Sans ce tragique évènement, survenu il y avait de cela 18 ans, sa vie ne serait pas la même. Sa mère, tout simplement parce qu'on avait jamais cru bon de lui en donner, parce qu'on ne s'était jamais demandé un jour si elle pouvait grandir sans l'amour d'une mère, sans s'identifier à cette femme dont elle était la chaire de la chaire. Elle ne connaissait d'elle que l'image qui se trouvait sur l'autel, dans leur maison de la Baie de Tokyo. Son père parce qu'elle n'avait jamais ressenti en lui l'amour d'un père. Et son frère, car dès qu'elle fermait les yeux, l'image du jeune homme s'imposait à son esprit avec une virulence et une fougue effrayante.
Elle essuya ses yeux qui commençaient à la piquer. Signe de fatigue. Mais comme chaque soir elle ne voulait s'endormir, de peur de faire des cauchemars. Des cauchemars au terme desquels il lui était arrivé de se réveiller tremblante et larmoyante. Kanna n'était pas à l'aise avec sa nouvelle amie, Inori ne voulait pas aggraver la situation. Elle ne voulait pas déranger.

Kanna enfin réapparut, en pyjama également, les cheveux également attachés dégageant son beau visage, elle s'efforça de lui sourire et celle-ci se glissa dans ses draps, Inori l'imita tout aussi timidement. Elle avait encore du mal à se sortir de ses pensées. Avant de rabattre les draps sur elle, elle glissa son porte-feuille dans la poche de son sac. Elle s'assit en tailleur et se tourna vers son amie au moment où celle-ci lui posait une question.

- Je t'ai aperçue quelques fois dans les couloirs. D'autant que nous sommes dans les même classes.
Ano ... je suis en première année, en classe D. Lui dit-elle.

Elle savait également que Kanna était en 2ème année, en classe D. Elle l'avait souvent vue sortir de sa salle, qui était située à côté de celle des 1ère année. Que gagnait-elle à observer les gens de cette manière ? Peut-être une façon d'adoucir une douloureuse solitude.